Les informations présentées ici ont été collectées par L'Abbé Albert Clastres, Archiprêtre de Pamiers. Cela relate les missives de 1844 à 1910 entre les différents curés de Rabat, les rabatols et l'évêché à Pamiers.

sont concernés:

Monsieur le Curé Rivière François de 1844 à 1885. Monsieur le Curé Nigoul Louis de 1885 à 1889. Monsieur le Curé Bompierre Henri en 1910.

les sujets évoqués:

le hameau de Carniès: N° 22, 57, 59, 63, 64, 67

l'école des soeurs de St Vincent de Paul: N° 49, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 62, 69, 78, 79, 93, 96, 97, 99, 101, 102

entre autres...

 

 

 

N°1. 14 avril 1844. Une vingtaine d'habitants de Rabat ont signé une pétition, adressée à Monseigneur, pour faire partir leur curé, M. Rivière qui, dit-on, a mis le désordre dans la commune et même dans l'église; conflit avec une vingtaine de jeunes gens qui ont pris les places des "demoiselles marguillières"; un "coup de pistolet" tiré par un jeune homme dans l'église; procès avec le carillonneur qu'il a "fait casser" par le conseil de fabrique : le nouveau a fêlé une cloche ; chansons "mondaines" contre le curé; des paroissiens préfèrent se confesser dans les paroisses voisines, d'autres pas du tout, même "au lit de mort", où ils rejettent le pasteur, faute de confiance ...Et "bien d'autres choses encore que nous ne signalons pas..." Conclusion : il faut un autre curé pour "concilier les esprits et faire renaître l'esprit de notre sainte religion qui s'affaiblit tous les jours".

N°2. 23 avril 1844. M. le chanoine Carbonne, curé de Tarascon à Monseigneur. Chargé d'une enquête à Rabat au sujet de M. le curé. Les faits ci-dessus ont été grossis. M. le curé est satisfait que les jeunes gens aient "ravi" leur place aux jeunes marguillières ; ils ne resteront plus ainsi au fond de l'église. Coup de pistolet tiré à la tribune par deux jeunes. Procès-verbal. L'un s'est soumis. Pour l'autre, l'affaire continue. Quelques vieillards vont se confesser ailleurs. M. Carbonne ignore si des moribonds ont refusé de se confesser et ce qui en est du procès avec le carillonneur. Ce qui est sûr, c'est qu'une très grande portion des habitants de Rabat sont hostiles au curé et qu'ils désirent son changement.

N°3. 16 mai 1844. Pétition de 7 conseillers municipaux et autres notables de Rabat à Monseigneur, pour défendre M. Rivière contre la pétition du 14 avril ( une trentaine de signatures ). La pétition du 14 avril est une calomnie. Il n'y a rien de vrai. La commune est fort paisible. Rien à reprocher à M. le Curé. La plupart des signataires ont reconnu avoir été trompés."Il est facheux, pour l'honneur de l'état ecclésiastique que quelques hommes de sa robe trempent dans ces sortes de tracasseries". C'est 1390 paroissiens qui signeraient pour "protester contre une vingtaine de calomniateurs".

N°4. 24 mai 1844. Monsieur Estèbe, maire de Rabat à Monseigneur. "Père d'une carmélite et d'un frère des écoles chrétiennes", il dégage sa responsabilité de chrétien, et aussi de maire, en signalant, "encore une fois" le désordre qui existe à Rabat à cause de M. le Curé...". Le mal va croissant et je ne sais pas ce qui en résultera".

N°5. 24 mai 1844. M. Rivière, curé à M. (vicaire général honoraire). Il répond aux accusations. Son changement, que poursuivent "ses détracteurs" je le regarderai toujours comme ma dégradation et mon déshonneur". L'enquête de M. Carbonne: "Il aurait dû se renseigner à meilleure source". On l'accuse de "choses graves" ? "Ma conscience ne me reproche rien". J'aurais bientôt mes 26 ans de prêtrise; je n'ai à rougir d'aucun de mes actes, j'ai joui dans toutes les paroisses de l'affection et de l'estime générale. A Rabat : calomnies d'un petit nombre... et malice, jalousie..." Il ne s'en effraie pas. Il les ignore. On ne l'immolera pas sans avoir entendu sa défense et le témoignage de plus de 1300 de ses paroissiens " contre 10 à 12 calomniateurs". Le carillonneur ? Un ivrogne "qui ne s'était jamais approché des sacrements une seule fois depuis 22 ans". Une cloche cassée ? ''Le même jour, celle de Tarascon casse et plus de 20 dans le diocèse". Faudra-t-Il changer tous ces curés? Un coup de pistolet? Le curé en est-il responsable s'il y a deux polissons à Rabat? Des procès dans la commune? Le curé doit-il en supporter la culpabilité? Le préfet refuse ou accorde des concessions? Le curé ignore l'une ou l'autre comme tout membre de la congrégation". "Maurete fera des adeptes dans Rabat"? Non. Pujol se servait de cette menace pour obtenir mon expulsion". M. Rivière rappelle à M. sa parole à Saurat, "l'autorité ne craignait plus ses rodomontades". Que la congrégation me juge dans sa sagesse. "A moins que je ne perde la tête... je ne perdrai ma foi et ne deviendrai apostat pour me faire protestant. Mais je protesterai contre toute décision qui serait contre mon honneur et la conviction de mon droit".

N°6. 27 mai 1844. Abbé Nigoul à Monseigneur. "Vivant dans un état privé à Rabat il souffre de voir "la paroisse de Rabat partagée en deux parties, et cela, depuis de trop longues années..." Une 3° partie "gémit et soupire" en silence... "Le bien ne se fait pas, la religion en souffre"... Et elle risque d'être déracinée dans cette paroisse où elle a été pratiquée dans toute sa pureté". pas d'espoir "de voir finir ces grands désordres.." Des deux côtés "des haines invétérées"..Certains, "s'ils veulent s'approcher du bercail sacré, sont obligés d'errer ça et là, dans le voisinage"...Monseigneur peut être trompé, car M. Rivière, curé, faisait signer ces jours derniers une supplique par les marguilliers et les fabriciens et autres personnes qu'il appelait dans la sacristie, sans même leur donner lecture de l'écrit". De même pour certains conseillers municipaux, qui n'osaient "lui refuser une signature".

N°7. 27 mai 1844. Jean Nigoul, conseiller municipal à Monseigneur. Il rétracte la signature que M. le curé lui a fait donner sans lui expliquer pourquoi. Il ne veut pas signer cette pétition, maintenant qu'il sait que M. Rivière veut "se maintenir curé de cette pauvre paroisse de Rabat".

N°8. Vers cette époque, sans doute, un "état de l'église et du presbytère. Erection immémoriale. 1500 habitants. L'église aurait besoin d'être agrandie. pas d'autre intérêt "sous celui de l'art que quant au clocher déjà commencé" et le "retable sculpté regardé comme un chef d'oeuvre", mais qui devrait être réparé. L'agrandissement de l'église est déjà commencé et aussi des réparations au clocher. L'ancien couvert tombait en ruines". Il faut 12.000 frs. Le presbytère appartient au Bureau des pauvres de Rabat. Il est loué pour un an pour la somme de 100 frs. En très mauvais état et point suffisant. Il faudrait 10.000 frs pour en bâtir un. Déjà en 1829, M. le Préfet de Montarieu avait fait une demande dans ce but au gouvernement. "M. Le Curé de Rabat se trouve le plus mal logé de tous ceux du diocèse". Si la commune ne fait pas vite réparations et aménagements, il devra le quitter et habiter ailleurs".

N°9. 24 octobre 1845. M. le curé Rivière à un "monsieur de l'Evêché" (au moins 15 ou 16 fautes d'orthographe). Au sujet d'un testament d'un ancien percepteur, qui a laissé un don important à l'église. M. le curé consulte "Monseigneur et la congrégation" - car démarches de la fille et du beau-fils pour le faire annuler". Beaufils emporté et violent, "il risque d'en venir à des extrémités contre moi", s'il soupçonne "que le dépôt m'a été confié". La fille a eu de 10.000 à 20.000 frs de la succession de la mère. Le père ne lui laisse que 6.000 frs qui pourront être réduits à 3.000. Testateur très indifférent ;"dans la maladie extrème timoré, léger et inconscient à l'extrème, mais incapable de se laisser influencer". Ier testament fait dans la maladie, mais le second en bonne santé. Le testateur affirmait qu'il avait eu à se plaindre de sa fille et de son beau-fils;"ayant été percepteur, secrétaire et autres.."il donnait son testament pour la tranquillité de sa conscience". Deux ans après le dépôt du testament, le testateur avait retiré d'entre les mains de M. le curé un petit reste d'une forte somme qu'il avait déposé chez lui et qu'il retirait au fur et à mesure de ses besoins". Les héritiers soupçonnaient M. le curé d'être le dépositaire d'un grand trésor appartenant à l'ex-percepteur. Les testaments furent laissés chez le curé et le testateur quitta Rabat pour aller habiter Tarascon où il est mort. Son confesseur ne sait rien de ce dépôt ni d'autres dépôts mais il a remis de sa part 10 frs au curé "à titre de restitution à un de ses paroissiens. M. le curé conclut:"Il est difficile de changer les intentions du testateur, mais sont-elles ses dernières intentions? C'est ce que j'ignore, et il est mort presque subitement".

N°10. 27 Mars 1846. Pierre Faustin Pescaire et Marie-Angélique Séraphine Arispure, mariés à Tarascon, au Président de la Fabrique de Rabat. Ils notifient leur opposition formelle à l'exécution du testament de leur père et beau-père Jean-Mathieu Arispure.

N°11. 9 mai 1847. Délibération du Conseil Municipal de Rabat. Au sujet de la création d'un vicariat. Le gouvernement exige pour le vicaire 600frs et donne de sa part 350 frs. Les autres 250 frs doivent être payés par la commune ou le conseil de fabrique. M. le curé, si le conseil municipal accepte le principe d'un vicariat, propose de donner lui-même 100 frs et d'abandonner au vicaire les 90 frs donnés pour la 2° messe par le bureau des pauvres. La commune pourrait voter 100 frs et la fabrique 60 frs et ainsi les 250 frs seraient trouvés. A la majorité de 6 contre 1, le conseil accepte et demandera la création d'un vicariat.

N°12. 23 juin 1847. Le maire Arispure à Monseigneur. Il lui envoie la délibération du conseil demandant un vicariat. Il demande à Monseigneur d'appuyer la demande. Le vicaire est nécessaire à cause de l'augmentation de la population. Il propose ou l'abbé Théodore Bedel de Rabat ou l'abbé Rivière, neveu de M. le curé. Comme la commune ne peut pas loger le vicaire, le 1er pourrait loger chez ses parents, et le 2ème chez son oncle.
Réponse : la délibération ne donne pas les assurances nécessaires pour les 250 frs.

N°13. 19 février 1848. M. Pescaire au Garde des Sceaux, ministre des Cultes. Il a appris que la Fabrique et Bureau de Bienfaisance vont demander l'autorisation d'accepter le legs de Jean-Mathieu Arispure, mon beau-père (testament du 10 octobre 1843), qui dispose, dit-on de la moitié disponible de ses biens, au préjudice de sa fille unique et de son beau-fils et de leurs quatre enfants. Il met en garde le Ministre. M. Arispure fut percepteur à Rabat jusqu'en 1812, puis vécut pendant 33 ans soit sur son petit bien de Rabat, soit dans sa famille à Tarascon où il mourut le 10 juin 1845. Il a laissé 6.000 frs en immeubles. Mais M. Pescaire à son mariage en 1841 espérait encore 6.000 frs en espèces que possédait son beau-père et qui ont été déposés par "ce vieillard crédule" chez un dépositaire "sans carte ni billet". Fin 1845, le maire de Rabat reçut un testament, daté du 10 octobre 1843; le beau-père Arispure lègue à l'église et aux pauvres de Rabat, la moitié de ses biens disponibles. Réunion du Bureau de bienfaisance. Lecture du testament. C'est seulement le quart des biens de M. Arispure qui est donné aux pauvres et à l'église. Et M. le curé, surpris et irrité de se récrier :"Je croyais que c'était davantage". Donc,il savait que M. Arispure, son pénitent, son paroissien le plus dévoué, "avait fait un testament en faveur de l'église"...ce qui "nous fait pressentir qu'il n'y est pas étranger". Huit jours après "par la même voie anonyme", parvient encore au maire, un testament de M. Arispure, daté du 27 mai 1843. Celui-ci lègue à l'église et aux pauvres la totalité des biens. On prend l'avis d'un homme de loi, puis on décide de poursuivre l'exécution du 1er testament. Le 22 mars 1846, double lettre à M. Pescaire (Bureau de bienfaisance et Conseil de fabrique): veut-il consentir à la délivrance de ce legs? Réponse négative. D'ailleurs, le testament n'avait été, ni déposé, ni enregistré, ni signifié. Un an s'écoule. "Aujourd'hui, j'apprends que les parties soi-disant intéressées sont en instance auprès de vous pour obtenir l'autorisation ..de me contraindre à exécuter le testament de mon beau-père. M. Pescaire proteste "hautement. Il déclare que son beau-père,"économe, sobre, sans désirs..moral et et religieux était honnête et n'avait jamais porté préjudice à qui que ce soit, que son intention par conséquent, n'était pas, par son testament, de réparer des injustices. Il ne désirait pas non plus, punir sa fille ni son beau-fils de soi-disant manques d'égards, car la bonne harmonie régna toujours entre eux et "il avait une vive affection pour sa famille, dont les attentions, procédés, soins obligeants", lui furent prodigués". La véritable raison, dit le signataire, c'est la pression du curé de Rabat sur ce "faible vieillard", comme sur beaucoup d'autres."On pourrait vous citer de sa part plus d'un exemple de captation", c'est par "des frayeurs, arme redoutable sur une imagination affaiblie, que l'on a violenté les dernières volontés du beau-père".

N°14. 26 février 1848. M. Rivière au secrétaire-général. Il renvoie le mémoire Pescaire. Il faut en prendre copie.

N°15. 1er mai 1848. M. le curé Rivière à Monseigneur. Au sujet du testament de Jean-Mathieu Arispure. 500 frs laissés à l'église, 500 frs au bureau de bienfaisance. Son épouse avant sa mort avait laissé verbalement mêmes dons; mais l'héritier Pescaire ne donnait rien. Triste individu que ce Pescaire ! Toujours en procès qu'il perd régulièrement. Quant à lui, M. Rivière, il " ignore jusqu'à la porte de ces palais de justice ", " le plus inoffensif des prêtres du diocèse ". Le plus " roué, le moins consciencieux " des hommes n'aurait rien pu contre M. Arispure, le " plus parcimonieux, le plus avare .. connu par sa ténacité .. non seulement de la paroisse, mais de tous les environs ". Il avait été le protégé des prédécesseurs de M. Rivière à Rabat, grâce à eux, il avait reçu " une éducation qui le poussa jusqu'au sous-diaconat ", mais non " les sacrements ". N'avait-il pas à libérer sa conscience ! Quand il fit le testament, il était sain d'esprit et de corps, puisqu'il postulait, et Pescaire avec lui, le greffe de justice de Paix. " Jamais testament ne fut plus authentique, plus indépendant, plus volontaire, plus libre, plus médité et délibéré ". Et le curé n'était plus le confesseur.

N°16. 18 juin 1848. Le trésorier de la Fabrique à Monseigneur. Il est persuadé que le testament est autentique, que M. Arispure l'a fait bien librement, et que les attaques de M. Pescaire contre M. le curé sont des calomnies dont il va lui être demandé compte au tribunal. L'original du testament fut déposé à la Préfecture par "l'ancien maire de la commune où il a séjourné par sa négligence jusqu'à ce jour". Maintenant le "commissaire Pilhess, intime ami du sieur Pescaire"a refusé de donner le testament au trésorier et au notaire qui l'accompagnait."

N°17. 23 juin 1848. M. Le curé Rivière à M. le Secrétaire général. Retard imputable au" commissaire " et autres influencés par Pescaire; M. Rivière demande l'autorisation de poursuivre et le préfet intérimaire et le sieur Pescaire qui ont outragé son honneur. Il lui survient deux grandes afflictions : la 1° "de son malheureux frère Victor", la 2° d'un certain nombre de ses paroissiens "en délire" qui "ont chassé à coups de pierres la force publique venant mettre un frein aux dévastations des forêts de M. Bergasse. Quoiqu'au confessionnal ce jour, veille de Pâques, je suis forcé à aller déposer un témoignage contre eux".

N°18. 1848. Un résumé de l'affaire du testament, fait sans doute par un membre du conseil municipal. Le testateur, testaments du 27 mai 1843 et 10 octobre 1843). Les différences entre les deux. Le 20 ne parle pas du Ier. Succession estimée à 7.300 frs. Délibération du 19 avril 1846 du Conseil de Fabrique qui accepte le legs. 22 mars I846, le Conseil avait demandé aux héritiers leur consentement à la délivrance du legs. Refus le 27 et, même opposition. Lettre Pescaire du 19 février 1848 au ministre des Cultes." Ce mémoire bien rédigé développe les motifs d'opposition de manière à séduire". La Fabrique y répond faiblement par délibération du 21 février, avec certificat signé par Bureau de Bienfaisance, Conseil de Fabrique et "les plus hauts imposés de la commune". Lettres de M. le curé à Mgr (20 et 26 février)." Cette justification ne me parait pas suffisante pour être accueillie par le gouvernement. La Fabrique et le Bureau de Bienfaisance devraient s'entendre pour faire rédiger un mémoire dans la forme de celui des opposants. Mgr émettrait au bas son avis approbatif". Puis on dit ce qu'on aurait du faire par rapport au testament et ce qu'il faut faire (notaire, aroué, expédition, délibération, etc). Mgr pourrait, ce semble, répondre à la Préfecture qu'il attend l'envoi de toutes pièces pour ...donner son avis".

N°19. 28 février 1849. Lettre anonyme de Rabat à Mgr. "Plus de 400 habitants de Rabat ne peuvent plus souffrir en silence les procédés de M. Rivière.

1) La commune est dans la plus complète désolation à cause des diverses condamnations pour délits commis au préjudice de M. Bergasse de Saurat". Le Maire, ami intime de M. le curé, ne sait pas réprimer ces délits "par manque d'énergie". M. le curé, qui se mêle trop d'élections, l'avait fait élire "après la révolution de Février". Mort sans le Viatique, il y a un mois. Se confessa-t-il même ? Influence de M. le curé sur la population "à cause des nombreuses sommes qu'il a éparpillées et qu'il a gagnées en créant des impôts, soit dans l'église, soit sur les mourants; rares sont ceux qui ne lui donnent plus qu'ils ne peuvent pour messes ou versements divers dont il dispose à son gré; le pauvre ne trouve jamais rien chez lui. 2) M. le curé "tempête" à chaque sermon contre l'adultère, ce qui n'empêche pas de le commettre ...pas une année sans 7 ou 8 cas. "Déjà 1849 annonce 5 ou 6 grossesses ( la lettre veut parler sans doute des filles-mères ). "Un désordre complet". Raison donnée : c'est lui seul qui donne l'exeat pour tous les mariages. Il veut être consulté. Sinon, c'est l'anathème public et sévère contre les deux jeunes et les parents, en chaire même; pour ne pas s'y exposer, les parents refusent de recevoir la jeune fille et alors le péché se commet en secret. 3) M. le curé veut s'occuper de tout dans la commune, ventes, achats, successions, mariages, police, procès-verbaux, lettres de change ou billets. Tout passe entre ses mains. Et il néglige de préparer les sermons. Il se répète. Il rabache. Il passe son sermon à "rapporter tous les commérages de la semaine". Il n'étudie pas, il ne lit pas. Il ne sait pas écrire 2 lignes sans faire 10 fautes. Le dimanche, il se précipite après les vêpres pour aller se placer à la porte de l'église tenant son bonnet à la main pour recevoir "de l'argent" pour un pauvre libéra. Il fait payer ce qu'il veut pour les services. Aucun tarif. 4) On cite 2 cas de partialité révoltante de sa part. 5) Il est légitimiste, ne veut pas chanter le Domine salvam... pas d'argent, pas de curé. A l'arrivée de la République .......( illisible ) .... il fait perdre la religion.

N°20. 7 mars 1849. M. le curé Rivière à Monseigneur. Sa réponse à lettre anonyme n°19. Il en connait l'auteur et il vitupère contre lui. Cette lettre est une calomnie et un acte de vengeance : contre les 3 plus respectable familles de Rabat : Arispure, Nigoul et Cabibel. Contre lui-même surtout. Que vaut ce monsieur N ? Que vaut son mariage ? D'où vient sa fortune ? Cette fortune qui lui permet de placer jusqu'à 30.000 frs. Lui, curé, il prête de l'argent, oui, mais de petites sommes, fruit de son économie depuis 32 ans qu'il est à Rabat. Il prête par pitié, par bonté. Au fond, ce monsieur est furieux parce qu'il a eu contre lui aux élections une majorité de 178 voix et qu'il n'est pas maire. Son frère vient d'être condamné à 4 mois de prison et à une forte amende "pour avoir enfoncé la porte du maire pour exiger de lui...l'écharpe et l'autorité en faveur de son frère"...Leur famille a menacé le curé, mais toute la population s'est levée comme un seul homme pour le protéger". La paroisse a de grandes amendes à payer; un bien grand nombre sont condamnés à plus ou moins de détention, depuis 15 jours de prison jusqu'à 5 ans de galères". M. le curé a cherché à adoucir...Tout cela est exorbitant." Ils ont fait du mal pour 2.000 frs et Rabat et Gourbit paieront au sieur Bergasse pour plus de 30.000 frs. M. le curé est désolé. Puis il se défend sur les accusations de mauvais prédicateur, de légitimiste, de désobéissance aux ordonnances épiscopales, etc... Il parle de MM. et Pas (L'anonyme les accusait de protéger M. Rivière). Le 1er pourrait affirmer comme mon prédécesseur immédiat dans la paroisse que le grand-père de l'anonyme assassina dans le "presbitaire" M. Martin, mon prédécesseur. Le père forçait pour assassiner M. les portes de mon "presbitaire". Le même père est venu me prévenir que son fils, l'anonyme, devait le 15 mars 1848 m'assassiner moi-même". (cette lettre est criblée de fautes).

N°21. 7 mars 1849. M. le curé de Rabat à M. Pas ( secrétaire de Monseigneur ). Il lui envoie la lettre ci-dessus. Il aurait voulu la corriger mais il est trop occupé en ce Carême. Beaucoup de confessions, donc pas de diminution de la confiance.

N°22. 25 octobre 1850. M. Rivière à M. pas. Il voudrait savoir ce qu'est devenu "le mémoire que je vous avais adressé sur la donation de M. Arispure, dit M. l'abbé. Et le legs ? Et ce hameau de Carniès ? Appartient-il à Gourbit ou à Rabat ? Il y a là un conflit où sont mêlés M. Lantene, M. , M. le curé de Gourbit. Carniès ! "Je ne l'ai jamais ambitionné. On m'en enlève la juridiction. Tant mieux". Mais M. Rivière regrette qu'on lui ait enlevé l'estime due à l'Evéché. On fait courir le bruit de son changement. Durant son séjour à Ax, des prêtres le nommaient à Perles. Or, M. Rivière ne veut pas partir. "Qu'on fasse une enquête ...Si je suis un indigne prêtre, je me résignerai à un interdit et non à un changement. Si je n'augmente pas, je ne veux pas descendre. Il accepte même d'être qualifié d'orgueilleux. Des défauts je n'en manque pas. Comme pasteur envers ma paroisse, je n'en ai qu'un, qui m'est très préjudiciable, c'est de leur prêter tout mon argent dans leur extrême nécessité. Un créancier lui réclame 6.000 frs. Or, plus de 12.000 sont disséminés. Il va être obligé de faire rentrer pour payer cette créance. ------> retour au sommaire

N°23. 15 février 1852. Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal. Le Conseil municipal, à cause de la grande augmentation de la population demande un vicaire et votera, de concert avec le conseil de fabrique les fonds à la session de mai.

N°24. 10 avril 1852. Le Maire, M. Bedel à Monseigneur. Il lui envoie la copie n°23 et lui demande de "la prendre en considération".

N°25. 30 avril 1852. Un certain Fournier à Monseigneur. Contre M. le curé, "Jusques à quand, verrons-nous le scandale régner dans notre paroisse par suite de la mauvaise conduite de notre pasteur qui met la désunion dans toutes les familles". Cinq prêtres originaires de Rabat: M. Nigoul, à Gourbit depuis 30 ans ; les curés de Junac, de Norgeat, de Bédeilhac, le vicaire d'Oust. Tout comme l'ancien curé qui est mort à Bédeilhac", ils ne disent jamais la messe à Rabat et ils n'entrent même pas à l'église. Ils ne saluent pas M. le curé. Le lendemain de la fête patronale, ils sont à Rabat, mais ils n'y disent pas la messe, et, M. le curé est obligé de faire venir tous les ans son frère pour dire cette seconde messe. "Qu'attend-on pour le mettre à sa place ?".

N°26. 5 mai 1852. M. le curé Rivière à Monseigneur. Son avis sur le vicariat. Très heureux de l'initiative et du vote de fonds par le conseil municipal et conseil de fabrique. Quant à lui, il désire éviter toute responsabilité dans les inconvénients de ces institutions nouvelles". et il s'en remet à la sagesse de Mgr. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne conservera pas toujours sa robuste santé", qui déjà à certaines époques de l'année est insuffisante à la progression d'une population religieuse exigeante, même difficile, qui devient chaque année sensiblement plus nombreuse, et cependant elle n'est pas si aisée en fortune qu'on le pense. Depuis 31 ans, il est curé de Rabat, on n'a pas pu bâtir un "presbitaire" ni une école, ni une mairie. Et pourtant, il faudrait trouver un traitement pour le vicaire. Pour sa part, il cèdera dans ce but, sur son supplément de 200 frs: 100 frs, le legs d'un de ses prédécesseurs, I50 frs .- Et la fabrique donnera 100 frs. Total :300 frs. Il cédera aussi la moitié du casuel et purgatoire. Comme casuel, qui à cause de sa bonté, diminue progressivement chaque année. M. le curé indique bien qu'il désirerait M. l'abbé Louis Nigoul, l'un de ses fils de prédilection. Il demande que sa lettre reste confidentielle.

N°27. 23 mai 1852. Le maire Bedel à Monseigneur. Il annonce la copie d'une délibération du conseil municipal portant vote de 210 frs pour le vicaire; le bureau de bienfaisance y ajoutera 90 frs "qu'un vénérable curé fondateur" de ce bureau laissa pour chaque année au prêtre qui dit la messe dominicale à Rabat. Ainsi 300 f rs .

N°28. 23 mai 1852. Extrait du registre des délibérations du conseil municipal. ( copie du n°27 )

N°29. 22 juin 1852. M. le maire Bedel à Monseigneur. Le conseil municipal en réponse à la lettre du 17 courant accepte d'allouer un traitement .... pour le 2° trimestre de 1852. Il peut donc déjà exercer ses fonctions.

N°30. 25 juin 1852. Procès-verbal d'arrivée dans la paroisse du vicaire Louis Nigoul et de sa présentation par M. le curé au Bureau des marguilliers ( On note que le vicaire n'est pas encore approuvé par le gouvernement mais le sera bientôt ).

N°31 . 7 Juillet 1852. M. le curé Rivière à Monseigneur. Il se plaint dêtre fortement lésé dans ses intérêts dans la dernière réunion du conseil municipal, puisque le traitement fourni au vicaire par la mairie le sera aux dépens du curé. Les 200 frs que lui donnait la commune et les 100 frs du bureau de bienfaisance lui sont enlevé pour être donnés au vicaire. Comme M. le curé lui laissera la moitié du casuel 1300 frs ce seront 600 frs", de moins sur ses revenus. Pourquoi ce vote, puisque la grande majorité du conseil est pour lui. C'est que dans les "hauts imposés", j'ai trois adversaires, mes dénonciateurs de tous les temps". Ils trompèrent les autres. Déjà d'ailleurs, 12 sur 14 sont "repentants". Sur ce nombre 4 sont fabriciens. "Fachés de s'être compromis, ils vinrent me promettre de m'allouer sur la ferme des chaises 150 frs. M. le curé ne comprend pas que le maire, qui a un fils prêtre, se soit ainsi laissé rouler. Et cela parce qu'on croit M. le curé fort riche, ce qui n'est pas. D'ailleurs, même s'il serait bien aise de renvoyer aux brandons la discorde, le soufflet qu'ils se flattent de lui avoir infligé, il faut à tout prix garder M. l'abbé Nigoul, dont la "nombreuse famille et alliance compose la grandissime majorité de la paroisse". Lui et tous les siens tiennent à ce qu'il reste, et surtout avec moi qui ai été toujours le protecteur de cette famille par le Chartreux et les Carmélites. Contribuer à son éloignement, je suis presque certain d'encourir leur disgrâce et je vais indisposer une bonne partie de la paroisse".

N°32 . 12 juillet 1852. M. le curé Rivière à Monseigneur. Comptes et budget envoyés. Au Conseil de fabrique, trésoriers et secrétaires...pas forts, mais "consciencieux, qui donneraient plutôt du leur que de frustrer d'une obole l'église... pas querelleurs". pas de retard à envisager pour l'entrée en fonction du vicaire. Ne pas tenir compte de la malveillance de 2 ou 3 individus". Le retard indisposerait contre moi-même les bien-pensants. Le maire a fini de faire la quête pour le paiement du 2 "semestre au vicaire." Pour de l'argent, je ne veux pas soulever des tempêtes de mécontentements. Tant pis pour les intérêts, je préfère la paix". Réponse de l'Evêché : Le vicaire ne demeurera probablement à Rabat que jusque la fin décembre car les conditions de son paiement ne sont pas assez nettes pour les années suivantes. "Mgr n'entend pas que l'établissement d'un vicaire devienne nuisible à la position du curé, "qu'on trouve des ressources sans léser M. le curé."

N°33. 16 août 1852. Mr le maire Bedel à Monseigneur. Une lettre fort respectueuse, même obséquieuse. Il se soumettra si on enlève le vicaire, mais il y aura de graves désordres, car on s'est déjà attaché à lui, et il sera difficile de contenir... une population qui...semble être peu bienveillante à l'égard de M. le curé. "Le Conseil municipal aurait lésé les intérêts de ce dernier en attribuant une partie de son paiement par la commune au vicaire. Mais M. le curé est à l'aise ..Il n'a pas besoin de cet argent ...Et la commune est surchargée. Elle doit bâtir un presbytère, une maison d'école, une maison commune. Si, plus tard, Rabat a un curé moins fortuné, la commune ne manquera pas de l'aider, comme elle l'a toujours fait. Et, en terminant, M. le curé insiste pour que le vicaire reste.

N°34. 11 avril 1853. M. le vicaire Nigoul à Monseigneur. "Trouble et consternation dans notre paroisse". Accident des plus malheureux arrivé à M. le curé le jour de l'Annonciation"...Très forte luxation au pied droit. "soufffances horribles". M. Chany, de Pamiers a tout arrangé et calmé. Mais "ordre de garder le lit 30 jours". Or, il reste à confesser "un très petit nombre de femmes". M. Nigoul demande pour M. le curé et de sa part, l'autorisation de "les confesser dans sa chambre depuis son lit". Réponse de l'Evêché: Prorogé le pascal pour les pénitentes de M. Rivière, jusqu'à ce qu'il puisse les "confesser hors de son lit".

N°35. 1er juin 1853. M. le Curé Rivière à Monseigneur. Son accident, dans la nuit du 4 avril, au retour d'administrer un moribond. "Je fis une chute et reçus à mon pied droit une si grave luxation qu'au dire des meilleurs médecins du pays, j'étois extropié pour le reste de ma vie. Heureusement, les soins de M. Chany père, rabilleur de Pamiers, qui opéra mon pied droit dont tous les os et nerfs étoient grabement démis, il m'ordonna 50 jours de repos, puis les bains et douches d'Ax." M. le curé est à Ax depuis 15 jours... mais, mauvais temps, traitement irrégulier. Je ne puis encore marcher seul. Et il demande l'autorisation de prolonger sa cure. Réponse : Oui

N°36. 10 Juin 1853. Le Ministère des Cultes annonce que le vicariat de Rabat est créé que le vicaire percevra 350 frs, à condition que la fabrique ou la commune lui assurent le traitement. Dorénavant le diocèse comprendra 39 vicariats subventionnés.

N°37. 12 juin 1853. M. Nigoul, vicaire à M. le Grand vicaire. Deux mois que mon bon curé est réduit à un état de souffrance et d'infirmité pénibles. Il a eu tout le travail. Instructions tous les soirs en mai, nombreuses confessions. Sa santé bien meilleure qu'autrefois a tenu bon. Mais n'ayant pu préparer son examen, il demande son ajournement. Réponse :Oui

N°38. 15 juillet 1853. M. le curé Rivière à Monseigneur : envoi du procès-verbal de la reconnaissance de M. Nigoul Louis par le bureau de la fabrique, le 25 juin 1852, comme vicaire. Même pièce envoyée à M. le Préfet, avec prière de faire coter le traitement annuel aussi haut que possible puisque M. Nigoul remplit sa charge depuis "un an avec exactitude et zèle." Envoi des comptes et budget. Envoi de règlements de l'église à approuver par Mgr et M. le Préfet pour pouvoir se présenter devant les tribunaux. Faute de ces deux autorisations, un abonné des chaises a été condamné à payer 1 fr 70 qu'il devait, mais le fermier des chaises doit payer les frais : 6 frs 75. Ce mauvais exemple ne manquerait pas d'avoir des suites fâcheuses. Réponse : Renvoyé avec obser-vations.

N°39. 8 août 1853. M. le curé Rivière à Monseigneur. Envoi de l'extrait de naissance et de sa lettre de prêtrise. Il attend l'approbation des règlements en vigueur dans l'église de Rabat. Le juge de paix du canton n'a pas voulu les reconnaitre parce que non approuvés par l'évêque et le préfet. M. Rivière insiste pour que Mgr écrive aux autorités civiles de Rabat au sujet du "presbytaire". Depuis 60 ans, les curés ont fait des "réclamations infructueuses". Il est le plus mal logé de tous les prêtres du diocèse. Si le préfet, invité par Sa Grandeur écrivait au maire, certainement on donnerait la préférence au "presbytaire" sur les constructions projetées.

N°40. 30 août 1853. M. Nigoul, vicaire à Monseigneur. M. le curé est à Ax. Affreuse Sécheresse qui désole le pays. Le vicaire demande devant l' insistance des paroissiens à faire les prières des 40 heures. Réponse : Oui.

N°41. 24 février 1854. M. le curé Rivière. Conflit entre la mairie et la fabrique au sujet de la nomination du fossoyeur - carillonneur - bedeau - car le même réunit les 3 emplois. Le maire veut imposer son parent qui vient de subir un jugement correctionnel et un an de prison. Il menace de défendre la quête à domicile qui se fait de temps immémorial et forme le salaire du carillonneur. Le maire peut-il nommer un fossoyeur? Réponse : Oui. Peut-il interdire la quête ? Réponse : Non. La fabrique peut-elle interdire la sonnerie des cloches, en cas d'incendie ou d'alarme, sans la réquisition du maire et l'autorisation du curé ? Réponse: Non.

N°42. 8 août 1854. M. le curé à Monseigneur. Sur 3 cloches, les 2 plus belles se sont fêlées. Il demande l'autorisation de bénir matière et cloche.

N°43. même date. M. le curé Rivière à Monseigneur. Il demande l'autorisation d'inaugurer un nouveau chemin de croix dans son église, pour remplacer l'ancien qui s'est détérioré et de donner le pouvoir de le bénir indistinctement à un prêtre du diocèse qui sera désigné plus tard, et à son défaut, au vicaire M. Nigoul. Réponse : accepté.

N°44. 13 août 1854. Délibération du conseil municipal. La Fabrique se propose de faire refondre une cloche à Foix. La municipalité veut que cette "refonte" soit faite à Rabat même, ayant le bois nécessaire pour fondre la matière ; que cette cloche soit de 900 kgs, le clocher étant mal situé dans la commune; que les marches de la balustrade soient en pierre taillée et non en bois, et qu'à l'avenir aucune réparation ne soit faite dans l'église sans l'autorisation des autorités compétentes, celles faites par M. le curé étant à refaire.

N°45. 13 août 1854. M. le maire Bedel à Monseigneur. Il envoie l'extrait ci-dessus. Le Conseil municipal est obligé d'intervenir, à cause des "abus intolérables dont le conseil de Fabrique se rend journellement coupable par son incapable administration en ordonnant aveuglément des réparations mal conçues et plus mal dirigées encore, qui dégradent le caractère et compromettent la solidité de notre église, monument remarquable d'architecture que nous devons à la magnificence des comtes de Rabat". Quant aux cloches, "elles ont été trois fois cassées et refondues, au profit...de l'ouvrier qui, libre de toute surveillance, a su les réduire à un poids bien différent de celui qu'on leur avait attribué". Vous faire l'énumération de toutes les réparations qu'on fait et refait annuellement, ce serait ennuyer votre Grandeur.

N°46. 17 novembre 1854. M. le vicaire Nigoul à Monseigneur. Il répond à une lettre confidentielle de M. Doubaud ( 31 août ) au sujet du conflit ci-dessus. " Impartiale franchise", car proche parent de M. le maire, ami, tout dévoué de M. le curé". pas de jugement rien que des faits. Conflit des cloches : Le conseil municipal voulait la refonte à Rabat pour éviter la fraude dans la matière et le poids. Il voulait aussi 900 kgs pour la grosse cloche, car la position de l'église est ingrate et on n'entend pas toujours les cloches dans les divers quartiers. La Fabrique voulait ce travail à Foix où un délégué peut le surveiller. M. Nigoul lui-même présent a constaté qu'il n'y a pas de fraude. D'où économie de 300 frs. M. le maire voulait une seule cloche de 30 quintaux. Opposition. Il descendit à 25. Le Conseil municipal, pour concilier les opinions, accepte 22, puis descendit à 20, comme le désirait la Fabrique. D'où encore économie de 300 frs. C'est que l'église a besoin de réparations urgentes. D'ailleurs, la question est tranchée puisque Mgr a autorisé la dépense portée sur le budget et la bénédiction de la matière et des cloches. Cette refonte a eu lieu à Foix le 28 août et sans fraude. Et c'est justement le 27 août alors que tout était prêt et fixé que M. le maire fit connaître les désirs du Conseil à la fabrique. Quant aux marches du sanctuaire, c'est par économie encore que la fabrique veut y consacrer du bois et non de la pierre de taille, comme le veut le maire et le conseil. Bois solide d'ailleurs. Du bon noyer de 18 lignes d'épaisseur. La réparation n'est pas encore commencée. Enfin M. le maire parait insinuer que jusqu'ici les réparations à l'église sont faites sans les autorisations voulues. Les investigations de M. Nigoul n'ont pu être poussées bien loin. "Mes souvenirs et mon âge ne me le permettent pas". Pourtant la dernière réparation à l'église datant d'environ 9 ans - prolongement de la nef principale et des bas-côtés, construction du clocher - fut exécutée "avec la permission du préfet et de l'architecte". Elle ne fut pas réussie..."Après le désastre du clocher l'architecte indiqua comme principale cause de ce désastre l'emploi des ruines de l'ancien mur en guise de sable". Or, c'est son prédécesseur, M. Gouma, qui avait, dit-on, autorisé cet emploi. "En fait, l'enquête ordonnée par le préfet n'eut pas de suite". A défaut dans doute d'une adjudication régulière, l'entrepreneur ne supporta pas les frais du dégât. "Depuis cette époque la construction du couvert de l'église, il y a 2 ans, est la seule réparation importante. Or, elle fut faite "sous l'intendance de M. le maire". Et pourtant il négligea de suivre toutes les formalités légales exigées par le décret de 1807. M. Nigoul excuse son retard à répondre à cause du fléau de l'épidémie qui, en 2 mois environ, a fait 160 victimes à Rabat. Il en est encore tout bouleversé.

N°47. 6 août I855 . M. le curé Rivière à "Monsieur". Il envoie 100 frs pour dispense de carême 50 frs et 2 dispenses de mariage ( 30 et 20 frs ). On se plaint beaucoup de ces dispenses de mariage qui ne correspondent pas à l'état de fortune. On déclare les empêchements avec beaucoup de difficulté. On en cache même. On va jusqu'à présumer connivence entre vous et moi pour la componende. On se récrie contre moi. D'où ennemis. La religion en souffre. Des prêtres originaires de Rabat le ? ( illisible )

N°48. 1er octobre 1855. M. le curé à M. le secrétaire Vidal. Il prétend envoyer un récépissé qui prouve qu'il n'est pas en retard pour sa cotisation de la caisse de prévoyance. Une année, il a même payé 2 fois. "Je pense que je serai bientôt des 15 plus anciens qui doivent recevoir du "thrésor" ". M. le curé est encore débiteur de 0fr50, pour privilège d'autel et du prix de deux homologations qu'il soumet à Mgr. Réponse : pas de récépissé dans la lettre.

N°49. 1er octobre 1855. M. le curé à Monseigneur. Fondation acquise des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul à Rabat. Quatre arrivent au plus tard le 4 "du mois". Devancées par Sr Philomène Nigoul, des Incurables de Paris, rue de Sèvres. "Elle et monsieur son frère Nigoul, curé de Bédeilhac en sont les deux principaux fondateurs". Les 2 mères supérieures de l'hospice de Pamiers et de Mazères doivent venir assister à leur installation. Monsieur le curé de Bédeilhac désirerait ...que mes paroissiens fussent les attendre en procession... qu'on chantât à l'église le Veni Creator et le Te Deum, suivis de la bénédiction du Saint-Sacrement". M. le curé demande l'autorisation. Réponse : Autorisation d'aller en procession jusqu'à la maison des soeurs et de la bénédiction. ------> retour au sommaire

N°50. 4 novembre 1855. M. Rivière à M. le secrétaire. On lui réclame la taxe de la caisse de prévoyance pour 1855. Il aurait seulement versé celle de 1854. Or, M. le curé affirme avoir versé 10 frs, par son vicaire Nigoul. pas de preuve écrite. Il ne refuse pas de reverser. Il a envoyé 4 frs50 pour 2 législations ( 1,50 + 3 ). On a égaré à l'évêché sa lettre de prêtrise, au moment où M. Pas quitta le secrétariat. Qu'on tâche de la retrouver. Il y tient.

N°51. 4 novembre 1855. M. Rivière à Monsieur Masset. Il envoie par l'abbé Nigoul, élève du petit séminaire, l'argent de 2 dispenses, 15 frs + 15 frs. La 1ère était de 25 frs mais il demande de la réduire à 15 frs. M. le curé affirma avoir fait remettre par son vicaire Nigoul, les dispenses du Carême et les 6 frs qu'on lui réclame pour la caisse de prévoyance. Mais il ne refuse pas de verser une 2ème fois.

N°52. 5 novembre 1855. Lettre-brouillon adressée à M. le curé de Rabat. On a reçu 34 frs 50 soit 30 frs de M. l'abbé Nigoul du petit séminaire et 4,50 frs de M. l'abbé Vidal. Cela pour payer 2 dispenses de mariage à 15 frs chacune; l'approbation d'un privilège d'autel 1,50 frs ; la légalisation de 2 certificats 3 frs. Il reste à acquitter la dispense de 2 bans, 3 frs.

N°53. 14 janvier 1856. M. le curé Rivière à Monseigneur. En octobre 1854, de douloureuse mémoire, le choléra emporta le 1/80 de la population. La population fit le voeu de restaurer la chapelle des St Sébastien et Roch ( et d'y mettre un tableau de N.S. Jésus-Xt ), de célébrer ces fêtes chaque année solennellement dans cette chapelle "établie d'un temps immémorial, d'y joindre une procession à l'extérieur de l'église et d'y avoir bénédiction du Saint-Sacrement après les vêpres, de n'entrer dans aucun café ou cabaret, de ne paraitre ni à bal ni à danse pendant l'espace de 5 ans. M. le curé demande donc l'autorisation de "bénir la chapelle entièrement restaurée"; de donner dimanche prochain 20, jour de St Sébastien, la bénédiction du St Sacrement après les vêpres ; de faire en dehors de l'église la procession pendant les 5 années." Réponse : Toutes permissions demandées accordées pour un an.

N°54. 3 octobre 1857. M. le préfet à Monseigneur. Mgr l'a informé que M. l'abbé Nigoul desservant à Bédeilhac, l'a entretenu d'une lettre "qu'il aurait reçue de moi et d'après laquelle j'exigerais un acte notarié et une inscription hypothécaire en garantie de la rente annuelle qu'il a promis de servir à l'établissement des soeurs de Rabat. M. le préfet ne retrouve pas "la minute de cette lettre" et demande à Mgr de lui faire parvenir "l'expédition qui lui a été adressée" et lui permettra de trouver immédiatement les pièces ...nécessaires pour répondre à l'objet de votre dépêche en date du 24 septembre 1857.

N°55. 6 octobre 1857. M. le curé Rivière à Monseigneur. Sur les lettres et "dires" de M. le curé de Bédeilhac "à propos des soeurs, filles de son choix contre d'autres d'une autre congrégation et c'est à cette préférence qu'on lui céda le titre et l'honneur de fondateur qu'il briguait alors et dont il est repentant aujourd'hui à cause de ses mécomptes sous le rapport des finances et sans honte d'encourir la flétrissure de sordide avarice, il cherche à anéantir l'existence de cette fondation dont il en paralyse tous les jours le succès merveilleux"...Et de parler de son humeur versatile de son raisonnement aussi peu vrai que peu logique, de ses faux-fuyants "pour donner un titre écrit authentique des engagements sacramentels qu'il a contractés avec ses deux soeurs présentes à Paris auprès des supérieures..de cette congrégation" ; de ses prétextes aussi faux et mensongers que spécieux. Tantôt, il accable les soeurs et parle de les renvoyer, tantôt il les vante. Il parle de l'hostilité à son égard du maire et du curé ...Et M. Rivière d'affirmer que tout cela "ce sont de pures chicanes et des chicanes de ricarie". Au fond, M. Nigoul, par cette fondation croyait, non seulement être remboursé de sa part de fondateur, mais encore d'y gagner de l'argent. Mais on a vu clair en partie. Le prieur de la grande Chartreuse ne veut pas gonfler sa bourse et c'est à cause de l'insuccès de ses projets de spéculations financières que M. Nigoul veut maintenant se désister. Il se déshonore. Il est flétri dans son honneur et sa conscience de prêtre et par sa mauvaise foi. Il est la risée du public et et de presque tout le clergé de l'Ariège. Non, l'oeuvre des soeurs ne mourra pas. ------> retour au sommaire

N°56. 6 janvier 1858. M. Fourcheret, entrepreneur des travaux de l'école des filles à Monseigneur. Contre M. Nigoul, curé de Bédeilhac qui s'était engagé à se procurer les fonds pour payer les travaux. Or, l'entrepreneur n'a perçu que 1000 frs de l'achat de la grange nécessaire pour l'emplacement et 1300 frs des 2000 accordés par l'Etat. De M. Nigoul, rien, malgré toutes ses promesses. Pourquoi s'en étonner après le mensonge qu'il soutient opiniatrement à Mgr à la sortie de Rabat le jour de la confirmation? Lui, M. Fourcheret, aurait pu le démentir, car il savait le contraire. Les travaux qui sont au même point que pour la visite de Mgr, il y a 15 mois, lui ont coûté 2800 frs. L'entrepreneur n'a reçu que 1300frs. Restent dûs 1500 frs qu'il a empruntés pour les fournitures. Les créanciers veulent être payés. Il n'est qu'un pauvre père de famille qui n'a pas toujours sa journée et qui ne vit que de sa journée. Et encore il a du fournir des acomptes. Et les frais ! Lettre à M. Nigoul, pas de réponse. L'entrepreneur, s'il n'a pas reçu l'argent "d'ici au 15 février au plus tard" fera fermer les classes. Il supplie Mgr d'intervenir.

N°57. 17 février 1858. M. le curé Rivière à Monseigneur. En réponse à une lettre de M. le grand vicaire; en effet l'entrepreneur fit fermer les classes deux heures. Mais l'école n'en souffrit pas, car M. le curé les fit rouvrir aussitôt. Oui, l'entrepreneur est "grandement nécessiteux". Mais ce sont pas MM. Rivière et Nigoul, ni les ouvriers et les fournisseurs qui l'ont mis dans la misère. M. le curé sera bien forcé d'agir pour forcer le percepteur à mandater les sommes entre ses mains et cela non pas pour payer l'entrepreneur, mais pour finir les travaux. Quand aux ouvriers et fournisseurs, l'entrepreneur aurait dû les payer avec les sommes perçues. On va forcer M. Nigoul à verser ce qu'il doit. Il voudrait bien que l'école croule. Il serait délivré de ses engagements et en rejetterait la responsabilité sur M. le curé. Mais celui-ci tiendra bon contre lui et contre tous. Voir Gourbit: les contestations entre Rabat et Gourbit au sujet du hameau de Carniès, le 20 février 1858, le maire de Gourbit écrit à Mgr, que devant l'opposition des gens de ce hameau, il serait bien aise qu'il soit attribué à Rabat. M. le curé de Gourbit est aussi de cet avis.

N°58. 20 mars 1858. M. le curé Rivière à Monseigneur. Enfin, après la lettre de Mgr à M. Nigoul, curé de Bédeilhac, celui-ci s'est décidé à délier les cordons de sa bourse. Voyage ensemble à Foix et à Saurat. "Bien des difficultés soulevées par lui contre la stabilité de notre petite communauté" sont terminées. Il a dû payer 400 frs pour la pension des soeurs. Il a promis de payer pour les constructions des salles d'asile et d'instruction les sommes promises par lui et l'Etat, de payer encore avec le concours de l'Etat les travaux supplémentaires pour lesquels il a fait une avance de 500 frs. M. le maire sera plus difficile à tenir la promesse faite, malgré vos justes remontrances, d'établir nos soeurs pour les distributions, non pour l'admission des revenus du Bureau de bienfaisance, ce qui serait un grand bien et profit des pauvres; mais cet argent a une rouille trop agréable pour certaines mains. ------> retour au sommaire

N°59. 20 mars 1858. Mr le Curé Rivière à Monseigneur. Au sujet du hameau de Carniès. "En 1821, M. Laffitte (décédé archiprêtre de votre cathédrale) m'installe comme son successeur immédiat à Rabat... alors du diocèse de Toulouse, et déclare que le hameau, après la Révolution, appartenait à la paroisse de Rabat, comme il appartient pour le civil à cette commune. Avant cette époque, il était annexé à Gourbit; celui-ci étant seulement un vicariat sous la juridiction du curé de Rabat, qui devint alors une paroisse. M. Laffitte, infirme et très gêné pour la marche, obtint de M. Primat, archevêque de Toulouse, que les habitants de "cet" hameau continueraient d'être sous l'administration ecclésiastique du desservant de Gourbit. Depuis l'érection du diocèse, maire, curé ou habitants de cet hameau ont porté des plaintes à la préfecture ou à l'évêché. Ils voudraient dépendre et de la même commune et de la même paroisse. Ni le préfet, ni le maire de Rabat n'y ont acquiescé. M. Rivière déjà bien chargé veut bien laisser le hameau à Gourbit,comme il en a été jusqu'ici. Mais voilà des nouvelles plaintes à l'Evêché. C'est que maire et curé de Gourbit à bon droit, "veulent faire contribuer les habitants de ce hameau à l'achat d'un nouveau cimetière, aux réparations du presbitaire et au supplément du desservant. Refus, parce qu'imposée pour la même fin au budget de Rabat. Alors, maire et curé de Gourbit, leur ont signifié leur retour à Rabat. La presque totalité s'en sont revenus déjà pour la confession, à nous. Voilà qu'on rapporte à Rabat un enfant défunt avec l'autorisation de l'inhumer, ce que nous avons fait pour ne pas le faire rapporter à Gourbit, vu la distance et la crainte qu'on ne refusat la sépulture. M. le curé veut bien savoir ce qu'il doit faire pour les sépultures, pour les Pâques, pour le jubilé. Qu'on tranche enfin cette question ! M. le curé se passerait bien de ce surcroit de travail. Mais "nous ne pouvons cependant les rejeter ni les pendre, comme on dit à deux potences à la fois." Réponse : quelle distance de Carniès à Rabat et à Gourbit ? Chemins ? N'y at-il pas eu d'autres causes que la maladie de M. Laffitte ayant attaché ce hameau à G.?

N°60. 22 avril 1858. M. le curé Rivière à Monseigneur. Au sujet des difficultés entre M. Rivière et M. Nigoul, curé de Bédeilhac, relativement aux soeurs de Rabat et à leur école. Mgr a proposé à M. Rivière de le confronter en sa présence avec M. Nigoul. Il accepte avec empressement. Mais il faut se hâter, car M. Nigoul se propose d'aller bientôt à Paris, à la maison-mère, pour traiter du renoncement à la fondation. Il vaut mieux que Mgr convoque lui-même M. Nigoul, car une invitation de M. Rivière ne serait ni convenante ni bien reçue. Puis, M. Rivière rapporte une conversation qu'il vient d'avoir avec M. S... percepteur de Saurat, l'homme de confiance de M. le Préfet sur l'institution des soeurs de St Vincent de Paul à Rabat. Il y parle d'une lettre de M. Rivière et surtout "d'une inconvenante démarche de M. Nigoul à l'égard de M. Rivière, et surtout envers les bonnes soeurs". Le percepteur en a frémi. Le Préfet, soit arbitrairement, soit illégalement a rendu un arrêté auquel M. Nigoul s'était résigné. Le percepteur croit qu'à ce sujet il n'y a pas entente entre évêque et préfet, qu'ils devraient se voir. Il craint que les supérieurs de Paris ne retirent les soeurs, si souvent molestées...et tracassées. ------> retour au sommaire

N°61. 25 mai 1858. M. le curé Rivière à Monseigneur. Il veut convaincre Mgr qu'il faut à tout prix empêcher l'oeuvre des soeurs de Rabat de "succomber sous l'effet de dénégations de M. Nigoul que je ne qualifie pas, mais que je flétris de toute mon indignation. En effet, le père et la mère Nigoul, chacun à leur dernière heure supplièrent leurs enfants de ne rien laisser de la succession "à nos héritiers" qui sont orgueilleux, mais de faire un couvent ou un hospice de leur maison et d'y appeler les soeurs de la "congrégation où est notre fille et soeur".

1. Anne Nigoul, leur fille et soeur ainée, leur héritière privilégiée et dépositaire de ces dernières volontés, alla à Paris avec M. le curé de Bédeilhac et la soeur Nigoul, pour y traiter de la fondation. Trois jours avant son décès, elle fit son testament et le lut à M. Rivière. Elle donnait tout son avoir aux soeurs de Rabat.

2. M. le curé de Bédeilhac obtient à l'Evêché les soeurs de St Vincent préférablement à d'autres religieuses qui allaient être établies à Rabat. Mr le curé lui cèda ses responsabilités sur cette fondation.

3. M. Nigoul se charge de tous les agir et actions, sans autre coopération de sa part. Le chef de Bureau de bienfaisance, M. Rivière et Mademoiselle Eychenié lui assurent collectivement 400 frs. La dernière se charge de l'ameublement et linge, et de plus pour la 1ère année, 300 frs.

4. Pour la construction des 2 salles d'instruction et d'asile, il obtient de l'Etat envers lequel il se porte fondateur la subvention de 2000 frs.

5. Dans une délibération qu'il dicte au conseil municipal, il s'engage sur les 1200 frs, de rente qu'il doit faire à la communauté d'y contribuer pour 400 frs.

6. Tous trois frères et soeurs promettent avec les 400 frs qu'ont promis les autres coopérateurs aux supérieurs majeurs de payer

"Les soeurs arrivées à Rabat, les 2 membres de la famille présents confirment les soeurs que tout leur patrimoine leur appartient et, dès ce jour, l'usufruit. Le curé de Rabat se refusant à l'installation jusqu'à la signature du traité, frère et soeur lui promirent qu'au dépens de tout leur avoir ils maintiendraient à perpétuité ce qu'ils fondaient."

7. En présence de l'inspecteur des écoles se déclarant encore fondateurs promirent par écrit que les soeurs auraient une rente annuelle de 1200frs pourvu qu'elles fussent reconnues institutrices communales.

8. Le 13 juillet, M. Nigoul sur les blames de Mgr promit d'améliorer le sort des soeurs qu'il avait négligé et dans le mois de novembre de la même année 1857 de nouveau vertement tancé par Sa Grandeur comme il l'a dit lui-même, va verser entre les mains du percepteur de Rabat les retards de 1856 et I857, qui avaient en son pouvoir deux arrêts de M. le Préfet pour l'y contraindre. A cette époque il écrit à Mgr qu'il garantit les 400 frs promis.

9. Le 20 décembre 1857? il signe une déclaration relatant la délibération consentie à M. le curé et tous les autres engagements, par laquelle il les regarde authentiques et s'oblige à parfaire annuellement 400 frs. Le percepteur et M. le Préfet prennent sur leur responsabilité le maintien des 1200 frs pourvu toutefois qu'en entente avec Sa Grandeur, on conserve les soeurs.

10. La soeur Philomène Nigoul (ses lettres et ses promesses en font foi) se propose d'améliorer l'institution et s'engage à faire ce que ne fera M. son frère. Aucun évènement fâcheux n'est venu changer l'heureuse position de fortune de M. Nigoul...Il n'a pas employé les 10.000 frs pour l'oeuvre. pas même 3.000 et encore un mauvais emploi !

11. M. Rivière confesse qu'il a détourné des sommes que le R.P. Prieur de la Grande Chartreuse, originaire de Rabat,"avait versé dans la bourse de M. Nigoul. Mais encore il a voulu déjouer une spéculation lucrative que M. Nigoul voulait faire de son institution".

12. "Il avait créé une oeuvre qui l'aurait immortalisé" lui et toute la famille. Mais "bravant toute déconsidération et déshonneur devant un public qui dit déjà sa tête en délire, il veut étouffer dans son berceau pour l'amour de l'argent qui l'aveugle". Il traite les soeurs "d'exigentes", elles si grandes de résignation dans les avanies, si admirables dans les privations que pendant 2 ans, il leur a fallu souffrir. Il dit "qu'elles n'ont pas réalisé tout le bien attendu et rempli toutes les conditions voulues. Elles si estimées "par leurs méthodes d'instruction et d'éducation" et dont les succès sont si merveilleux. Elles ne portent pas des secours à domicile aux pauvres C'est la faute à lui si M. le maire ne leur a pas confié l'administration des revenus du bureau de bienfaisance tant que cette institution de la part de M. Nigoul est éphémère. La population lui refuse sa confiance et sa gratitude à cause de sa versatilité et de toute sorte de fuyants ( Au fond tout cela se réduit à un grave conflit entre le curé et M. Nigoul ). ------> retour au sommaire

N°62. 26 mai 1858. M. le curé Rivière à Monseigneur. Couvent menacé de périr bientôt. Persistances dégradantes de M. Nigoul". Il va partir à Paris - s'il n'est déjà en route - pour se désister, ainsi que sa soeur, de "ses engagements" et obtenir le rappel de nos soeurs. Toutes les injustes avanies et les privations qu'il (leur) a fait souffrir". Malheur. Cette conduite si déconsidérante a des approbateurs à l'évêché ...Un personnage haut placé dans votre confiance, qui a dit que M. Nigoul en donnant sa maison, le jardin et 200 frs de rente, achetait assez cher le titre de fondateur, que la position de fortune ne lui permettait pas d'en faire davantage. Or, M. le curé affirme que cette fortune est la même, que rien n'a été aliéné et que "les fonds sont toujours à la banque, portant les intérêts au-delà de la rente promise aux soeurs". Il est "malheureux que ce bonhomme de l'évêché soit sous l'influence quotidienne... des héritiers cupides de M. Nigoul et de M. Nigoul lui-même. M. Rivière affirme que toutes les "imputations de M. Nigoul contre les soeurs sont de noires calomnies. Il n'a pas et voudrait... toute la dévotion des soeurs. Unde irae... C'est bien petit si c'est vrai qu'il fasse changer les règlements de la congrégation et M. Rivière de supplier Mgr, de mettre toute son influence pour que Paris ne retire pas les soeurs.

N°63. 20 octobre 1858. M. Rivière à M. le grand vicaire capitulaire. Au sujet du hameau de Carniès. Avant la Révolution, Rabat et Gourbit: une seule paroisse; le curé de Rabat, le vicaire de Gourbit. Après la Révolution, fondation de la paroisse de Gourbit. Carniès resta à la commune de Rabat et de la paroisse de Gourbit et cela par tradition sans titre officiel. Le curé de Rabat, M. , obtint même de Mgr Primat, archevêque de Toulouse d'en être déchargé. Jusqu'en 1857, 3 fois seulement depuis 37 ans qu'il est curé de Rabat, il y a eu des plaintes de ce hameau, parce que payant au budget de Rabat, ils doivent aussi payer à Gourbit pour réparations d'église, presbitaire, cimetière et surtout honoraires de messes. Lettre au préfet qui a répondu qu'il n'avait pas à "s'immiscer" du spirituel tout en les croyant de Rabat. Lettre au maire de Rabat qui, lui tient à les garder et à faire payer. L'an dernier, lettre à l'évêché du curé et du maire de Gourbit pour se décharger de Carniès qui s'était refusé à payer certaines sommes. Lettre de Mgr Galtier à M. Rivière: il doit garder Carniès jusqu'à une décision définitive. Plus tard, de vive voix, Mgr Galtier engagea M. Rivière "à voir les habitants de ce hameau et les engagea à solder ce qu'on leur exigeait à Gourbit, puisqu'ils tenaient à cause de la proximité de l'église et de leurs anciennes habitudes de s'y rendre. La grande majorité se sont prononcés pour Rabat en voulant rester libres d'aller assister aux messes de Gourbit. Le curé de Gourbit a fait quêter à son ordinaire pour l'honoraire des messes et on a donné. Le curé a dit qu'on ne lui avait pas retiré le titre et cependant il a renvoyé les enfants du catéchisme. M. le curé voudrait bien une décision, mais il préférerait que Carniès appartienne à Gourbit. Voir détails dans le dossier "Génat" (pour Rabat à cette époque). Le vicaire de Rabat, M. Nigoul, fit quelque temps le service à Génat. M. le curé Rivière fait remarquer à Mgr dans une lettre du 4/2/1859 qu'avec "la difformité de son corps et la faiblesse de son tempérament" ( qui ont été la cause de sa nomination comme vicaire à Rabat ), alors que le curé n'en avait nul besoin avant les 2 épidémies et n'en a nul besoin maintenant que ces 2 épidémies ont fait mourir 300 habitants de Rabat), M. Nigoul ne pourra pas continuer ce service, malgré sa bonne volonté : 2 heures d'ascension par la montagne par le chemin le plus court et en hiver : voie ordinaire à travers 5 paroisses : 3 heures à cheval. Pourquoi ne pas nommer M. Eychenié, curé de Puch, qui accepterait avec plaisir ?

N°64 . 5 novembre 1858. M. le curé Rivière à MM. les grands vicaires. Il répète ce qu'il a déjà dit au sujet du hameau de Carniès. Il faut à tout prix prendre une décision. M. Nigoul, curé de Gourbit y fait chaque année les quêtes pour l'honoraire de la 2° messe. Il a "exigé qu'un mariage fût publié à Gourbit". M. Rivière ne désire pas garder le hameau. Il est "sans convoitise ni envie". Mais si on veut les revenus, qu'on fasse aussi le travail. Moitié distance de Rabat pour aller à Gourbit, mais meilleurs chemins pour aller à Rabat. ------> retour au sommaire

N°65. 16 janvier 1859. Un prêtre anonyme du canton de Tarascon à Monseigneur, contre M. Rivière. Il énumère la suite des procès qu'a engagé M. Rivière ou qui ont été engagés contre lui. Et encore depuis 1850 seulement ! car il y en a d'autres auparavant. Il en cite une dizaine. Dans la plupart, M. Rivière a du payer les frais. S'il a gagné quelques procès, c'est injustement et en réduisant à la misère les familles. Il y a récolté des insultes et il en a donné. Il a failli même être assassiné par un homme qu'il avait trompé. A cause de lui, des paroissiens ont été condamnés à la prison, etc... Combien de fois notre confrère n'a-t-il pas comparu devant la justice de paix à Tarascon et donné le plus grand scandale ! à la suite de "tristes spéculations auxquelles il ne cesse de se livrer journellement en entreprenant toute espèces d'affaires??? dans le but de s'enrichir". Il Faut le changer immédiatement. Il ne peut plus faire le bien" à cette pauvre paroisse, bien qu'elle est fait sa fortune. Je certifie que ce prêtre est plus tôt l'agent d'affaires de cette commune que son pasteur".

N°66. 24 janvier 1859. M. Estèbe, curé de Surba à M. le vicaire général. Ce dernier lui a demandé des renseignements sur la lettre anonyme ci-dessus... , les faits rapportés... si peu de chose... J'ignore... la plupart de ces faits; ceux dont j'ai entendu parler d'une manière vague ne laissent rien dans mon esprit qui me permette de former une opinion... M. Rivière a comparu plus d'une fois devant la justice de paix de Tarascon et il a eu des affaires qui ont été portées au Tribunal de Foix, mais le fond de ces affaires m'est inconnu et je n'ai pas compris que ces comparutions en justice aient fait d'autre tort à M. Rivière, dans l'esprit des gens que celui de s'être attiré ces désagréments par ses imprudences et sa malheureuse facilité à se mêler dans les affaires des autres. Je crois que c'est à peu près le seul reproche qu'il mérite. Tout le monde s'accorde à lui donner des éloges pour tout le reste et surtout pour l'accomplissement de ses devoirs de pasteur. Mais d'où vient à M. Rivière cette manière de se??? tant aviser d'affaires temporelles ? Est-ce par esprit de spéculation ? Sans pouvoir le nier absolument, je crois que c'est plutôt ou du moins le plus souvent pour rendre service. "On va le consulter, on le prie de venir en aide". Monsieur le curé, trop bon, se met quelquefois lui-même dans l'embarras". La plupart de ces affaires sont venues à M. Rivière du "nommé Teulié", condamné à 5 ans de réclusion lequel était devenu... la terreur du pays parce qu'il se chargeait de toutes les affaires bonnes ou mauvaises qu'il pouvait de faire donner à la main, trouvant dans ce métier, pour lequel il possède une habileté peu commune de faire ses choux gras...Ce malheureux a été condamné pour des faits plus odieux que ceux que je viens de dire. M. le curé de Surba signale que M. Nigoul vicaire de Rabat, doit aller bientôt voir Mgr. Il est plus à même que lui de donner des renseignements.

N°67. 4 février 1859. M. le curé Rivière à Monseigneur. Encore au sujet du hameau de Carniès : 80 personnes. Quand, en 1801, Gourbit devint succursale, c'est M. le curé de Gourbit, qui après entente avec M. le curé de Rabat, se chargea du hameau... Et cela dura jusqu'en 1856... où un conflit éclata, parce que Carniès refusa de payer à M. le curé de Gourbit "quelques impositions". M. le curé de Gourbit les renvoya à Rabat. Et maintenant il parait vouloir le reprendre et M. Rivière ne demande pas mieux. "Le hameau, par ses coutumes, moeurs et proximité est tout de Gourbit, par sa position géographique, ses relations commerciales et ses rapports avec Tarascon et par les désirs de la grande majorité "il est de Rabat". Il est plus éloigné de Gourbit mais les chemins sont mieux et praticables en toute saison". Réponse : les habitants de Carniès sont libres de remplir leur devoir.

N°68. Ier juin 1860. M. le curé Rivière à Monseigneur. Encore une affaire contre lui d'un certain Cailhau. C'est son neveu, M. Rivière Boulie, notaire à Ax qui le défendra; Mgr lui a parlé des plaintes reçues contre M. Rivière. Ce sont des monstruosités d'ingratitude. Il a voulu aider et il a été payé ainsi. Il aurait pu gagner de l'argent d'une autre manière, mais ses excessives complaisances pour des ingrats ont absorbé de grandes économies qui me seraient aujourd'hui bien nécessaires.

N°69. 8 février 1861. M. le curé Rivière à Monseigneur. L'établissement des Filles de la Charité est toujours menacé du rappel des soeurs. La supérieure générale en a assez des "menteuses promesses", des déconsidérantes dénégations, des plus contradictoires espérances" du fondateur. On parle de la "versatilité de sa conscience" et du "vertige de sa tête" qui le déconsidèrent. M. le curé, à la rigueur, se contenterait de la rente annuelle de 200 frs. Il rappelle sa confrontation avec M. Nigoul devant Mgr Galtier qui reconnaissait "depuis longtemps de quel côté était la vérité et la bonne foi". Il supplie Mgr de protéger cette oeuvre comme le fit Mgr Galtier. ------> retour au sommaire

N°70. 4 avril 1861. M. le vicaire Nigoul à "mon bien cher supérieur". Celui-ci lui a demandé des renseignements sur M. Rivière; M. Nigoul veut bien, par obéissance remplir cette obligation si délicate. Et d'autant mieux qu'il a un remords et une réparation à faire à l'égard de l'évêché. "Sous une autre administration", l'évêché lui avait demandé les mêmes renseignements "au sujet de M. le curé. Il avait atténué les faits de peur d'un changement de la position de M. le curé et par contre-coup "dans la sienne". Et puis, à cette époque, il ne connaissait pas la paroisse comme maintenant."Sous la pression de cette misérable crainte, j'atténuai de mon mieux les griefs imputés ...D'où remords par suite de "ce manque de franchise et sur tout l'idée intéressée qui en avait été le mobile". Il veut donc réparer une erreur passée et sera scrupuleusement impartial dans ses renseignements, "seul en face de ma conscience et de mon dieu".

1°) Procès intentés à M. Rivière ou par lui ...C'est lui qui, d'habitude se constitue l'agresseur. Les procès intentés sont justes dans leur principe, mais presque toujours très embrouillés et très défectueux dans leur forme et ordinairement malheureux quant au dénouement. M. Rivière a gagné beaucoup d'argent depuis 40 ans qu'il est dans cette paroisse et comparativement, il en a peu dépensé. Il a prêté bonne partie de cet argent, qui dans les mains d'une foule d'obligés n'a pas bien prospéré. "Et quand il a voulu ou quand il veut rentrer dans ses fonds", il se trouve en face de gros pauvres sinon insolvables, chez lesquels la misère engendre la mauvaise foi. De là, des procès nombreux...fort embarassants parce que les titres manquent complètement ou bien ne sont pas conformes à la loi. M. Rivière, en effet, plein de confiance...a livré son argent sans carte ni billet. Plus tard (déjà échaudé) il a voulu consigner par écrit ( ces dettes ). Mais on prétend que sa mémoire ne le sert pas toujours heureusement. D'ailleurs, il a eu et il a la manie de traiter les affaires au moyen d'une jurisprudence ( à lui ) qui se trouve très souvent en désaccord avec celle du code. ( De plus ) "une affaire introduite par lui devant la justice ne se présente jamais dans sa simplicité native, mais est toujours compliquée par mille incidents divers. Ainsi,un débiteur de M. Rivière en pensant acquitter son obligation en espèces propose de prendre une maisonou un champ pour se libérer envers lui. Dans la crainte de perdre son argent, M. Rivière se charge de l'immeuble qu'il revend à la première occasion à un insolvable pour se mettre dans un nouvel embarras. Ainsi, dans un seul procès, 5 ou 6 p. différentes interviennent au moins indirectement ...Ce qui fait dire à M. le juge de paix de Tarascon, qui est du reste un antiprêtre, que pas une seule affaire des gens de Rabat n'est introduite à son audience sans que M. le curé s'y trouve au commencement ou à la fin. Souvent les objets qu'il achète ou qu'il vend sont affectés d'hypothèques ou ne sont pas même la propriété de ceux qui les lui livrent. Il est, en un mot, d'un tel sans façon dans le maniement de toutes ses affaires que la plus effroyable confusion y règne nécessairement. (Aussi) il perd la plupart de ses procès quoique justes dans leur principe. M. Rivière accepte aussi parfois des procurations de la part de gens accablés de dettes, soit pour leur rendre service, soit dans le but de sauvegarder ses intérêts. Et c'est là aussi l'origine de certains procès car, dans de tels mandats Il apporte le même esprit que dans ses propres affaires.

2°) Le procès le plus récent..."au sujet d'une carrière de talc exploitée par lui et de la possession de laquelle le sieur Adrien Blazy a voulu l'évincer en se présentant comme le véritable propriétaire du champ dans lequel la carrière est située". Le Tribunal lui-même serait fort embarassé pour prononcer un jugement. M. le curé s'était arrogé le champ et la carrière en vertu d'une procuration de Blazy, afin de se payer d'une somme d'argent que Blazy lui devait, dette que je crois très réelle ...Mais l'effet moral produit ici comme à l'extérieur a été très fâcheux. Les déclarations verbales faites par M. le curé en plein tribunal furent marquées d'hésitations et même contradictoires, ce qui lui attira de la part du président, des reproches extraordinairement pénibles et amers. Il entendit ce magistrat faire peser sur lui le tort bien grave de compromettre la dignité du caractère sacerdotal par des procédés fort douteux...M. Rivière nous arriva ici comme atterré. Dans d'autres circonstances il m'avait paru abattu, mais je ne l'avais jamais vu dans une prostration de forces morales aussi complète.

3°) Quelle position morale les procès lui ont faite auprès de ses paroissiens ? L'excellent esprit dont notre population a été longtemps assurée vis à vis du prêtre, comme aussi le zèle infatigable avec lequel M. Rivière a toujours rempli les fonctions de son ministère sacerdotal, ont tout d'abord un peu affaibli le discrédit que les procès attirent fatalement à un prêtre. Mais l'immiction de M. le curé dans les affaires temporelles de sa paroisse s'est tellement généralisée, les disputes violentes auxquelles il a pris part ont impressionné si fâcheusement les qualifications les plus injurieuses ont été déversées sur lui avec une si grande abondance que la sainte auréole sacerdotale est tombée de son front. En dépit de son zèle ou plutôt de son travail matériel, le bien ne se fait pas et il ne peut se faire, je le déclare en conscience. M. le curé a été lui-même forcé de le reconnaître en maintes occasions puisqu'à la suite il m'a parlé plusieurs fois de demander sa retraite. Mais cet éclair de lumière disparaît vite. Il recule, je crois... principalement dans la crainte que la retraite ne soit pas assez considérable... Telle est, mon très cher supérieur, la réponse bien franche aux trois questions posées:

N°71. 20 mai 1861. Un créancier de M. Rivière. M. le chanoine Cailhau de Mirepoix à Monseigneur. M. Rivière devait à son oncle qui vient de mourir et dont il est l'héritier, une obligation qui se monte avec les intérêts à 2300 frs,30. Or, le neveu de M. l'abbé Rivière, M. Rivière, notaire à Ax, sous prétexte que cette dette n'a pas été déclarée au fisc, lui propose au nom du curé débiteur, de réduire la dette à 2000frs, ainsi gain de 300 frs pour oncle et neveu, et de ne demander à M. Cailhau la subrogation qu'après 5 ans. M. Cailhau écrit à Mgr pour lui signaler un tel procédé car c'est la faute de l'oncle et du neveu si la créance n'a pas été déclarée en temps utile au fisc.

N°72. 31 mai 1861. M. Rivière-Boulie, notaire à Ax, à Monseigneur. Au sujet de la lettre de M. Cailhau, banquier de Mirepoix. "Mieux que mon oncle... je connais cette affaire; mieux que lui, je peux l'exposer". Et il explique que le sieur Louis Bertrand, négociant à Auzat, autre neveu de M. le curé de Rabat, se trouvait il y a 3 ans 1/2 "dans un mauvais état d'affaires". Mon oncle, par une générosité qui lui est funeste, vint s'obliger à payer ses dettes, environ 10.000 frs, sur engagement de la part des créanciers de les subroger dans leurs droits et actions contre le sieur Bertrand, qui possédait et possède encore quelques biens à Auzat. Au nombre de ces créanciers se trouvait M. Cailhau, oncle, banquier à Mirepoix. Une obligation lui fut livrée par mon oncle, sur promesse écrite et livrée à M. Delpech, de subrogation lors du paiement. M. Cailhau oncle mourut il y a quelques mois laissant pour héritier M. Cailhau neveu. Dans la déclaration de la succession de son oncle, M. Cailhau n'a pas compris la créance en question. D'où double droit de mutation contre ce dernier. Alors, on a cherché un arrangement qui favorise les intérêts de chacun. La subrogation est nécessaire à M. le curé de Rabat. Sans elle, il n'aura pas d'hypothèques sur les biens d'Auzat. On est allé chez M. Delpech, avoué. Mais là, on a trompé le curé. On ne lui a fait qu'un simulacre de subrogation, titre informe et sans valeur légale. D'ailleurs tromperie par simple ignorance. C'est alors que M. Rivière neveu est intervenu et s'est adressé à M. Dufrêne, notaire de M. Cailhau, en lui proposant un arrangement; la non déclaration de la créance dans la succession expose M. Cailhau, en lui faisant payer double droit ( 314 frs ). M. Rivière paiera 2.000 et ne demandera la subrogation que dans 5 ans où elle pourra être faite sans danger du fisc. Ainsi les deux Rivière bénéficieront de 200 frs et de Cailhau de 114 frs. M. Cailhau répondit par une lettre d'injures. Ainsi, échange de lettres aigre-douce que M. Rivière envoie à Monseigneur.

N°73. 4 juin 1861. M. le curé Rivière à Monseigneur pour l'avertir que ses obligations envers M. Cailhau ne sont point des lettres de change, ni des actes, mais uniquement des déclarations civiles.

N°74. 5 juin 1861. M. Cailhau de Mirepoix à Monseigneur. Mgr lui a communiqué confidentiellement la lettre du notaire Rivière. M. Cailhau la renvoie et se refuse à la discuter. M. Rivière auraient mieux fait d'avouer qu'ils avaient mal choisi leur victime. Et on parle de l'indélicatesse, l'injustice et le peu de charité de M. le curé de Rabat ...De sa part, homme riche, ce n'est pas loyal, d'autant plus que je doute qu'il ait demandé la subrogation à d'autres personnes créanciers de son neveu. Mais maintenant que Mgr a pu apprécier les MM. Rivière, M. Cailhau accepte de leur faire tout de suite la subrogation.

N°75. 7 juillet 1861. M. le curé Rivière à Monseigneur - Au sujet de l'affaire, il ne sait plus rien depuis la lettre d'information que Mgr lui écrivit. Que doit-il faire ? Réponse :

1) Mgr a rempli sa mission toute de charité dans l'affaire. 2) C'est à vous de prendre telle mesure que vous jugerez convenable

N°76. 12 juillet 1861. M. le curé Rivière à M. le grand vicaire Mailhoi. Mgr et ses deux prédécesseurs l'avaient dispensé "par impossibilité" d'assister aux conférences. Se croyant dispensé comme par le passé, il n'a pas fait la conférence écrite. Il la fera "si M. le grand vicaire l'exige rigoureusement, mais qu'on lui dise le sujet à traiter". Réponse: s'adresser à M. le doyen.

N°77. 21 aout 1861. M. Nigoul à Monseigneur. Le procès pendant entre M. le curé de Bédeilhac et sa soeur vient d'avoir une solution pacifique. Hier, au moment où la plaidoirie allait commencer, M. Nigoul, sur les sollicitations de ma part, qu'il désirait...s'est enfin décidé à confier la solution ...aux soins de deux avocats. Il a choisi M. Vidal, du barreau de Toulouse; j'ai conservé M. Dufrene. Nous avons pris pour tiers M. Cassas de Pamiers ...nous sommes liés par un compromis.

N°78. 7 juillet 1861. M. Nigoul à Monseigneur. Il est allé à la Grande Chartreuse pour obtenir sans délai "un secours en faveur de la maison des soeurs". Le Père lui a accordé 6.000 frs et lui a conseillé avant de rentrer, d'aller à Paris "puiser aux sources officielles" quelques renseignements indispensables pour l'organisation définitive de cet établissement. Ce voyage imprévu de six semaines l'a empêché de préparer son examen. Il en demande l'ajournement jusque fin octobre prochain. Réponse : ajourné à un an.

N°79. 27 mai 1863. M. le curé Rivière à Monseigneur. Nos soeurs de charité de St Vincent mettent leur plus grand zèle en édifiant la paroisse, d'y établir des congrégations religieuses des enfants des deux sexes. Et justement, pour la clôture du mois de mai, elles voudraient ériger celle des Enfants de Marie. M. le curé demande l'autorisation. ------> retour au sommaire

N°80. 4 mai 1866. Id. - Discussion entre fabriciens. Un adjoint au maire peut-il être fabricien ? Et s'il est obligé, comme adjoint, de remplacer le maire à la Fabrique, parce que le maire ne peut ou ne veut y aller ? La fabrique risque de n'être pas au complet. M. le curé demande l'avis de Mgr.

N°81. 16 janvier 1867. Id. Il pose qq cas de conscience à Mgr au sujet des petits legs à la fabrique. Si minimes parfois que les formalités légales par rapport héritiers dépasseraient les sommes léguées ? Qui peut les citer devant le Juge de paix ?

N°82. 28 janvier 1868. Un certain Nigoul, président de la Société St Roch, à Rabat, au gérant du journal "L'Ariégeois" à Foix. Ce journal a affirmé que la société St Roch de Rabat avait reçu un secours de M. Didier, député. Cette assertion n'est pas complètement exacte puisque pour des motifs connus de M. Didier, la société n'a pas cru devoir accepter (un) don de 50 frs. Le journal est prié de rectifier.

N°83. 1er février 1868. M. le préfet de l'Ariège à Monseigneur. Il lui envoie le factum annoncé qui n'a pas besoin de commentaires après les explications données hier au sujet de la question du libre échange qui a servi de prétexte au refus de la société de St Roch de recevoir un don, offert généreusement et sans aucune pensée de calcul puisque l'honorable député ne demandait pas la publicité et que, selon toute probabilité, les élections n'auront lieu qu'en 1869.

N°84. 10 février 1868. M. Nigoul à Monseigneur. Le Bureau de bienfaisance n'a pas refusé le don de 50 frs envoyé par M. Didier. L'abbé Nigoul n'a pas été consulté et le trésorier, qui n'est pas son homonyme n'a pas été exposé à subir ma pernicieuse influence. Et la société de St Roch ? Depuis 15 ans il existe à Rabat une société de secours mutuels à la formation de laquelle j'ai activement coopéré". Il en est resté le trésorier. A l'assemblée générale du 26 décembre, elle refuse le don de 50 frs que le président avait reçu la veille de M. Didier. La mention de ce refus fut faite successivement par deux secrétaires desquels je ne suis ni parent ni allié. Le 1er, ouvrier forgeron, le second, ancien forgeur, aujourd'hui maître de forges, demanda que dans la lettre de refus, on ajouta ces mots "Nous vous renvoyons votre argent, rendez-nous le travail qu'on nous a enlevé par le libre-échange, cause de la survie de nos forges". Une véritable explosion d'adhésions unanimes accueillit ces paroles; la plupart des sociétaires étaient forgeurs et tout imbus de ces idées qu'ils entendent émettre tous les jours". C'est alors que l'abbé Nigoul prit la parole et leur rappela que la loi défend aux sociétés de secours mutuels de s'occuper de matières politiques dans leurs réunions. "Vous n'avez donc pas le droit de discourir sur le libre échange". On l'approuva, car les Sociétés sont demeurées jusqu'à ce jour étrangères à toute préoccupation politique". Mais la motion fut maintenue sans trouver un seul contradicteur. L'abbé n'essaya pas de la combattre. C'aurait été peut être vain. "D'ailleurs, en me plaçant à un point de vue différent ...au point de vue de l'indépendance et de la dignité du suffrage... j'approuvais intérieurement leur détermination.

N°85. 19 février 1868. M. Nigoul à Monseigneur. Il explique que le but de la lettre rectificative adressée par le secrétaire à l'Ariégeois était de faire connaître les raisons du refus des 50 frs, par la société. Le président, M. Nigoul n'est pas le parent de M. l'abbé. Mais celui-ci l'estime beaucoup, car "il ne fléchit le genou ni devant les honneurs, ni devant l'intérêt, ni devant la peur". Et c'est un excellent chrétien. Aussi jouit-il de la considération de tous. "Il ne m'a jamais consulté" pour affaires électorales et politiques. Parfois leurs opinions différaient ... C'est lui seul qui assume la responsabilité de la lettre. Après ce démenti formel opposécomme tant d'autres à des accusations sans preuves, je demeure peu soucieux du soin de ma justification; ce serait peine perdue. Je suis constitué le bouc émissaire de tous les échecs subis par l'amour préfectoral dans mon pays et peut être ailleurs. C'est pourquoi, résolu d'en finir avec une polémique si pénible pour moi, malgré les charitables tempéraments au moyen desquels votre bienveillance à mon égard s'efforce d'en adoucir l'ennui, je dois à V.G. la déclaration suivante :"Ne reconnaissant à personne, quel que soit le nom que l'on porte, commissaire de police, maires, préfets, etc, le droit de me juguler dans l'ombre par de sournoises délations, je renonce désormais au bénéfice de toute justification écrite... et je réclame comme un droit de la plus vulgaire justice la faculté de me défendre en face de mes accusateurs par devant vous, Mgr, ou par devant M. le procureur de l'empire. Puisque ces messieurs ne manquent pas de me lancer la pierre des hauteurs sereines qu'ils occupent, ils voudront bien s'abaisser jusqu'à essayer de voir de leurs yeux et sans intermédiaire comment je la repousse. J'autorise ...V.Grandeur à mettre sous les yeux de qui de droit et cette lettre et la déclaration qui la termine.

N°86. 7 avril 1868. M. Nigoul à Monseigneur. Une obligation de 2000 frs consentie par mon pauvre père en faveur du Carmel de Pamiers, lui a été envoyée par M. Vidal "de la part des Mères" avec l'adhésion bienveillante de Mgr. Il ajoute qu'il ne se considère pas délié de l'obligation et qu'il l'accomplira en temps opportun. Il remercie Mgr de ce service qui lui est rendu dans les circonstances un peu pénibles où nous nous trouvons, et qui accroit singulièrement la vivacité de ma reconnaissance envers vous". On dirait que vous voulez m'accabler sous le poids de vos bienfaits". Puis il donne des nouvelles de la mission qui réussit au-delà des plus heureuses prévisions. Toutes les femmes, tous les hommes sans exception, se sont rendus bien que nous en eussions une centaine qui ne se fussent pas confessés depuis 55 ans, 10, 15 et 20 et 30 ans. Un vieillard de 70 ans, pas confessé depuis 55 ans s'est rendu, un meunier de 50 ans va faire sa première communion. Le Père Casimir fait aussi une retraite dans la congrégation des filles. Il y a un prêtre espagnol ...qui se fait bien comprendre.

N°87. 19 mars 1869. M. Nigoul à Monseigneur. Il a été chargé de prendre des renseignements au sujet de deux affaires où est encore impliqué la pauvre M. Rivière. 1ère affaire : Au sujet d'un malheureux Pagès Picard, de Rabat, et de sa famille de 9 à 10 membres, la plupart des enfants en bas-âge. Menacés de tout perdre par les créanciers, M. le curé prit l'affaire en main, paya la plupart des créanciers. Malheureusement, il n'observa pas toutes les prescriptions légales, et un créancier M. Vidal de Verniolle, non payé, veut faire exproprier le pauvre Pagès. Le jour de l'expropriation, M. le curé fut acheteur à la vente aux enchères, après avoir désintéressé le créancier. Mais tout cela avait créé des frais énormes à M. le curé qui avait voulu rendre service à la famille Pagès et aussi récupérer l'argent qu'il lui avait prêté. Finalement aucun de ces deux buts ne fut atteint. 2 ème affaire : Avec un meunier, Baby Louis qui, en paiement de 140 frs dus ( grain fourni à la famille Pagès, non payé ) avait reçu un petit pré, M. Le curé le lui avait garanti, mais rien d'écrit. Finalement procès car M. le curé a oublié sa promesse et ne veut pas s'entendre avec le meunier qu'il accuse de "criantes injustices à son égard, dans le passé. Ce Baby ne passe pas ici pour un homme d'une probité scrupuleuse, mais les agissements de M. le curé ne paraissent pas non plus bien "orthodoxes". M. Nigoul parait assez embarassé dans ses appréciations. Réponse : Il y a un brouillon de lettre d'un vicaire général ou de Mgr à M. Rivière, lettre qui fait état de bruits parvenus à l'évêché, au sujet de ces affaires et demande des explications. On y parle de l'autorisation à demander pour faire des procès et, à la fin, il y a commune menace.

N°88. 24 août 1869. M. Nigoul à Monseigneur. Un article a paru dans l'Ariégeois sur une fête à Rabat , très belle et très édifiante. M. Nigoul n'en est pas l'auteur. Cet article a suscité la curiosité de Mgr qui demande des renseignements. M. Nigoul le rassure en lui envoyant les 2 brefs pontificaux auxquels l'article fait allusion.

N°89. 28 aout 1869. M. Nigoul à Monseigneur. Mgr insiste. M. Nigoul se défend. Il est complètement étranger à la rédaction de l'article. C'est M. Vidal qu'il vit à Saurat qui accorda toutes autorisations : procession, salut, etc.. Les brefs qui accordent des "indulgences pour notre statue" parlent d'oratoire public et de couvent à Rabat. M. Nigoul ignore pourquoi car les demandes n'en parlaient pas. Enfin, l'article parle du "vicaire principal" de Rabat. C'est une erreur typographique. Il faut une virgule après vicaire, et on a "principal promoteur de la fête"; ce qui est vrai. Mais M. Nigoul a agi avec l'approbation de ses supérieurs, approbation qu'il a sollicitée dans les circonstances les plus opportunes en toute simplicité et bonne foi.

N°90. 12 Juin 1872. M. Nigoul Mathieu, curé de Banat. M. Nigoul, curé de Goulier était allé voir Mgr, il y a 8 mois pour lui exposer sa situation à Goulier et son désir de "voir prochainement sa vieille mère jouir de l'avantage d'un climat plus doux et moins préjudiciable à sa faible santé, situation rendue encore plus triste pour elle par la mort de M. Cros, juge de paix à Tarascon". M. Nigoul qui ajoute "curé de Banat, rappelle à Mgr que Miglos étant devenu vacant" ...( sous-entendu, Mgr pourrait bien l'y nommer ) Voir telle lettre au dossier de Goulier.

N°91. Octobre 1872. M. Cabibel de Rabat à Monseigneur. Il appelle Mgr à son secours afin qu'il le tire, lui et sa femme, "de la rigueur et des griffes de ce mauvais curé de Rabat"...de cet usurier de curé". Le 18 mai 1862, ils lui empruntèrent 75 frs. M. Rivière les leur prêta mais leur fit signer un papier en blanc sans la moindre écriture. Lui signa, et le curé tint la main de sa femme pour faire une croix. Ils devaient rembourser au bout de 2 ans. C'est ce qu'ils firent. Ils réclamèrent le papier. Le curé répondit qu'ils n'avaient rien à craindre..mais qu'il l'avait perdu. Et voilà que M. le curé les a attaqués dernièrement devant le tribunal de Foix en présentant le papier et en réclamant 2 à 300 frs. Le tribunal les acquitte sous prétexte que le papier était faux. Alors le curé fit opposition. Il y a eu un nouveau jugement le 11 juillet dernier. M. Rivière fit le serment que cette somme lui était due... Cabibel qui a 73 ans ( sa femme est infirme depuis 12 ans ) affirme qu'ils sont "des plus pauvres de la commune" et assistés par le bureau de bienfaisance. Il menace de faire un malheur contre ce "curé maudit" qui est un "usurier et un escroqueur".

N°92. 19 octobre 1872. Rabat. M. Nigoul à Monseigneur. Mgr lui avait envoyé le factum ci-dessus. Aussitôt M. Nigoul est allé chez Cabibel pour lui expliquer que Mgr ne pouvait intervenir contre la sentence du tribunal. "Ma besogne ne fut pas difficile. Cabibel se déclara satisfait et reconnut qu'il n'aurait pas du vous causer ...de la peine en vous adressant une telle plainte". M. Nigoul ne jugea pas utile de notifier à Mgr ce maigre résultat. D'où nouvelle lettre de Mgr à laquelle il répond. Le reste de la lettre concerne Gourbit et son desservant intérimaire.

N°93. 31 décembre 1872. Rabat. M. Nigoul, ancien curé de Bédeilhac à Monseigneur. "Suivant l'exposé que vous a fait hier, mon digne ami, M. le curé de Banat, de la position précaire de nos soeurs, j'ai l'honneur de venir vous proposer de vouloir bien m'accorder le titre vacant de "vicaire de Rabat" pour faire jouir ces bonnes religieuses du traitement qui s'y trouve attaché. Je serais heureux de pouvoir coopérer (àcette oeuvre) et aussi "de venir en aide, au besoin, à mes confrères de la paroisse. ------> retour au sommaire

N°94. 4 janvier 1873. M. Nigoul, Rabat ( curé de Banat ) à Monseigneur. M. Nigoul ( n°93 ) lui avait communiqué la lettre ci-dessus. M. le curé de Banat avait remarqué les dernières lignes, mais n'avait rien dit. Puis il trace à Mgr la ligne à suivre à l'égard du candidat au vicariat; lui prescrira "en termes aussi doux que possible de ne s'occuper de service paroissial que lorsqu'il sera prié de le faire et à titre de service rendu à ses confrères de la paroisse; de se borner pour le travail du confessional, aux permissions accordées, c'est-à-dire à entendre les confrères, leurs domestiques et en fait de personnes de la paroisse, celles en très petit nombre qui s'étaient adressées à lui jusqu'à ce jour et désireraient continuer. Ainsi réduite à ces termes, la concession du titre pourra produire un bon effet matériel et il sera toujours facile à Mgr de couper court aux abus .

N°95. 12 janvier 1873. M. Nigoul curé de Banat à Monseigneur. Il envoie ce procès verbal d'installation du nouveau vicaire M. Nigoul. Il remercie Mgr de "sa bienveillance si délicate" dans le cours de cette négociation. Il y compte encore "afin de couper court, en cas de besoin, aux inconvénients qui pourraient résulter d'une combinaison imaginée et adoptée dans le seul but de procurer la plus grande gloire de Dieu. Plus je vais et plus je redoute ces inconvénients ...M. le curé voulut éviter tout éclat "pour l'installation" au grand regret du nouveau titulaire, plein du désir diamétralement opposé. Pas d'installation solennelle ...M. Nigoul se console... dans l'espoir que, par les soins de l'évêché, sa nomination paraîtra ...sur le Conservateur." J'ai cru devoir remettre votre lettre non cachetée. J'ai même dû avouer sans trop de peine au destinataire que, par suite de l'inadvertance de notre nouveau facteur rural, le paquet était tombé entre les mains de M. Rivière, qui, par méprise aussi en avait pris connaissance. Ces petits contre-temps l'ont amusé d'autant moins qu'il a été obligé de comprimer son dépit. C'est pourquoi jusqu'à nouvel ordre, je dis du fond du coeur Deo gratias.

N°96. 22 janvier 1874. M. Nigoul, curé de Banat à Monseigneur. Conflit entre M. le curé et l'abbé Nigoul, ex-curé de Bédeilhac. "Il" a déjà pris les proportions d'un vrai scandale. M. Nigoul veut que la chapelle de nos soeurs où il célèbre chaque jour la Messe soit ouverte au public, même le dimanche et les jours de fête. M. Rivière ne s'y oppose pas pendant la semaine, mais la veut fermée ces autres jours. Dès le début de cette querelle, "je crus devoir essayer de faire comprendre amicalement à M. Nigoul que le "pasteur était dans son droit". Mes raisons qu'il accepta d'assez mauvaise grâce le rendirent pourtant traitable durant quelques temps. Mais depuis un mois, "il revient à la charge de plus belle". Il oblige les soeurs à laisser les portes ouvertes. M. Rivière avec cette ardeur qu'il a toujours portée dans la défense et pour la revendication de ses droits de pasteur, ardeur qui va chez lui croissant avec l'âge "veut que les soeurs ferment la chapelle dimanches et fêtes. Il en est même venu, dimanche dernier à des voies de fait, en allant au corridor qui conduit à la chapelle ..prendre les sabots des personnes qui assistaient à la messe et les jetant violemment, en pleine rue...Il comettra si le conflit persiste, de plus fortes imprudences. Ce qui l'irrite par-dessus tout, c'est que sous prétexte d'appeler le servant de messe, M. Nigoul sonne, même le dimanche, quelques coups d'une cloche qui se trouve à l'usage de l'horloge dans la tour communale adossée à la chapelle. Nos soeurs lui ont proposé de tenir le servant à sa disposition; il veut sonner quand même, sous prétexte qu'il y est autorisé par le maire et l'adjoint de la commune, à laquelle la tour et la cloche appartiennent... "Les plus malheureuses, ce sont les pauvres soeurs", pleines de respect pour les désirs de M. le curé qu'elles reconnaissent fort légitimes et aussi craignent de froisser la susceptibilité de leur chapelain. M. Nigoul voudrait que Mgr intervienne auprès de celui-ci soit directement soit par son intermédiaire.

N°97. 28 janvier 1874. M. Nigoul, chapelain des soeurs à Monseigneur. M. le curé de Banat lui a remis sa lettre du 22. "J'ai pour M. le curé de Rabat le plus grand respect, la plus profonde vénération et une obéissance la plus dévouée. Je me prive souvent s'assister aux offices de la paroisse pour ne pas le gêner ; mais de son côté, mon confrère ne devrait pas m'humilier par une injuste susceptibilité jusqu'à me défendre de sonner quelques coups de cloche pour appeler mon servant à la messe. Il rappelle que le maire à qui appartient la cloche, l'y a autorisé et que la chapelle appartient à sa famille. "Il ne devrait pas peut être non plus se laisser tant effrayer par les 3 ou 4 personnes infirmes (sic) qui viennent les dimanches à ma messe, ne pouvant se rendre à celle de la paroisse. "Il ne serait pas fâché que les soeurs "leur refusent l'entrée de la chapelle, mais la population dont elles ne possèdent pas déjà toutes les sympathies n'approuvera pas peut-être la mesure qu'aucun motif sérieux ne justifie. M. l'adjoint qu'on a mis dernièrement à la porte ne s'est pas retiré content, je n'ai nullement la pensée de violer les droits de M. le curé, de même que je n'ai aucunement contrarié la nomination de mon confrère de Surba bien qu'on me l'ait très injustement imputé. Mais, de son côté, M. Rivière devrait, ce me semble, observer la même charité envers les autres. Si M. le curé exige qu'il ne dise plus la messe dans la chapelle de sa famille, il obéira mais les soeurs seront infiniment contrariées. ------> retour au sommaire

N°98. 25 octobre 1874. M. Nigoul, chapelain à Monseigneur. Il veut régler ses disdispositions testamentaires. Comme il n'a pas de proches parents, il veut consacrer son petit avoir à de bonnes oeuvres et fonder des obits, pour sa famille et pour lui. Est-ce que le grand séminaire ou les carmélites voudraient se charger de mes intentions à cet égard ? En P.S. :"ma santé est presque tout à fait rétablie. De l'avis du docteur, elle me permettra de demander prochainement un nouveau poste.

N°99. 4 novembre 1874. M. Nigoul Mathieu, curé de Banat à Monseigneur. "La fondation d'obits qu'on vous propose, en supposant qu'elle arrive à bonne fin... a été certainement imaginée dans le but d'obtenir "une nouvelle paroisse". A l'époque de sa sortie de Bédeilhac, M. Nigoul accepta avec grand déplaisir le repos que vous eutes la charité de lui procurer et tous mes efforts tendirent déjà dès les premiers jours de son arrivée parmi nous à sortir de ce farniente qu'il n'a cessé de trouver humiliant et insupportable. Il essaya tout d'abord de se créer un petit troupeau au milieu du nôtre qu'il voulait démembrer à son profit. De là, ses droits quasi-imperceptibles de juridiction qu'il sollicita et obtint, dont il outrepassa peu après, sans scrupules les limites, et qui ne lui suffisant pas pour arriver à ses fins, le portèrent à se faire octroyer le titre de vicaire de Rabat. Muni de ce titre qui le constituait bienfaiteur de la maison de nos soeurs sans exiger de lui aucun sacrifice personnel, il chercha à organiser une petite succursale paroissiale dans la chapelle ...Contrarié et même vivement combattu dans une de ses tendances par l'infatigable vigilance du pasteur, il accepta avec plaisir l'intérim de la paroisse de Surba ( Mort de M. Estèbe ) et sans perdre une minute, se met à l'oeuvre, visant à remplacer le titulaire défunt..Trompé encore dans son attente par la nomination de M. Bedel dont il cherche jusqu'au bout à fausser la position, quelques temps s'écoulèrent durant lesquels il mord le frein avec un peu plus de calme apparent ( mais décès de M. le curé de Gourbit )...Le pénible échec subi à Surba le rend plus intrépide et plus osé. Il ne recule devant aucun moyen pour gagner les sympathies de ses nouveaux paroissiens; caresses privées, compliments publics en chaire, promesse de fondation des soeurs, etc...Hélas ! au moment où il croit la partie gagné M. Pech arrive. Il rentre dans le repos. Il se recueille pour mieux essayer ses forces..Il vise plus haut ( que les bons paysans de Surba et de Gourbit ) et invente son chef-d'oeuvre de ruse, son projet de fondation d'obits, afin de capter son évêque. Obtiendra-t-il ce qu'il convoite ? Le bien être qu'on éprouve à se débarasser d'un voisin incommode me fait désirer qu'il en soit ainsi. Voilà pourquoi je suis heureux de pouvoir attester à Votre Grandeur que les consultations médicales ont cessé depuis la fin de l'intérim de Gourbit. Cette suspension d'armes me paraît néanmoins de trop fraîche date pour qu'elle puisse aboutir immédiatement à une paix durable. ------> retour au sommaire

N°100. 1 mars 1885. M. Nigoul Louis, nouveau curé de Rabat à Monseigneur. Envoi du procès-verbal d'installation du registre de catholicité et d'un mandat de 13,50 ( honoraires des messes pour fêtes supprimées depuis juillet ) 15 frs: quête de Noël. 6 frs: quête de Noël à Banat - 10 frs le titre de curé.

N°101. 20 janvier 1889. M. Nigoul Louis, curé à Monseigneur. " Nos soeurs laicisées, viennent d'être expulsées par la force " ( de l'école et de leur maison ). Hier matin...par le commissaire de police de Tarascon, maire et gendarmes." Nos soeurs ayant refusé d'ouvrir ", crochetage par la porte de la chapelle, " d'où j'ai pu enlever la réserve auparavant ". On a donné quelques jours pour le déménagement. J'irai demain à Foix consulter..Un dossier partira pour Paris, à la Société générale de l'Education. En résumé, nos soeurs à loger et à nourrir et pas le sou. Pourtant, je voudrais bien les garder jusqu'aux élections générales. C'était là l'oeuvre pour laquelle j'ai ruiné ma santé et ma bourse.

N°102. 10 février 1889. M. Nigoul Mathieu, chapelain à Monseigneur. " J'ai l'honneur de vous informer que nos soeurs que j'avais instituées à Rabat au prix des plus grands sacrifices, ont été expulsées.. " Puisqu'il ne peut plus dire la messe à la chapelle, il demande l'autorisation de la célébrer en attendant des jours meilleurs dans sa propre maison, dans un appartement réservé, lorsque sa santé ne lui permettra pas en temps d'hiver surtout, de se rendre à la paroisse assez distante de sa maison. ------> retour au sommaire

N°103. 12 février 1889. M. Nigoul Louis, curé à Monseigneur. Il vient d'appuyer la demande ci-dessus du vicaire-chapelain Nigoul, " à cause de son âge et de ses infirmités ", mais avec les conditions suivantes :

M. Nigoul, ayant seul qualité pour réintégrer nos soeurs dans la jouissance de leurs droits, j'ai tout intérêt à le ménager. Aussi, M. le curé demande-t-il malgré la suppression du vicariat, qu'on lui maintienne les pouvoirs spirituels, afin qu'il en use, à l'avenir comme par le passé, c'est-à-dire sur ma demande et pour me venir en aide.

N°104. 23 février 1889. M. Nigoul Louis, curé à Monseigneur. Il ne communiquera pas à M. Nigoul Mathieu; la dernière lettre de M. le secrétaire général. Il me semble que les conditions pour la concession de la permission qu'il sollicite doivent être posées par Votre Grandeur. M. l'abbé Mathieu Nigoul serait probablement froissé si elles l'étaient par moi. ( Voir dossier Surba :les conditions de nomination à Surba de M. Bedel, ancien lazariste qui résidait à Rabat, voir dossier Banat : nomination de M. Nigoul Mathieu ex-chapelain-vicaire de Rabat à Banat, " dans le but de sauver le couvent, de garder les soeurs ". )

N°105. 2 décembre 1889. M. Nigoul Louis, curé à Monseigneur. Il demande à Monseigneur de faire bon accueil à la demande de M. le curé de Surba et à celle de M. le maire de Surba. Et M. le curé de Rabat de demander à son tour la nomination de M. l'Abbé Mathieu Nigoul au poste de Banat. Il le demande pour pouvoir conserver la maison des soeurs. M. Nigoul ayant nécessairement besoin de moi pour son service, il ne me reste aucun doute sur la certitude du résultat final. "M. Bedel et M. Nigoul demandent par l'intermédiaire de M. le curé de Rabat, qu'ils soient dispensés de l'installation solennelle." ------> retour au sommaire

N°106. 14 février 1910. M. Bompierre, curé de Rabat au "cher M. Castel". Il envoie à l'évêché un flacon de liqueur de son invention que l'évêque pourrait exploiter au profit du clergé. Manipulation très simple. En dehors des alcools et du sucre, les autres ingrédients ne reviendraient pas à plus de 0,10 par litre. On pourrait l'appeler " Eau-de-vie des princes, liqueur favorite " et la vendre 6 frs le cruchon. Les prix des eaux de vie ont été demandés. " Dans la maison de Dieu il y a place pour les cuisiniers. Je serai heureux de servir sa cause, même au titre de frère lai " Réponse: la liqueur n'a pas paru à Monseigneur de qualité supérieure. Et il y a tant de liqueurs ! Il serait difficile de la faire prendre, semble-t-il. Pour lancer l'affaire, il faudrait une société d'exploitation et de la publicité. Une marque de chocolat prendrait peut être plus facilement.

N°107. 15 mars 1910. M. le curé Bompierre à Monseigneur. Pour faire du tapage "des meneurs" ont fait sauter avec une barre de fer une porte accédant à la tribune. Il demande l'autorisation de porter plainte. Réponse : oui, accordé." Il ne faut pas toujours se laisser marcher sur les pieds ". La réponse revient sur la question de la liqueur et du chocolat.

N°108. 22 mars 1910. M. le curé Bompierre à M. Castel. Il a travaillé pour amener M. Chabanon à se déssaisir de sa marque au profit d'une société. Mais trop tard. La marque est déjà cédée, puisque ni Pamiers ni Albi ne se sont intéressés à l'affaire, M. Chabanon écrit :"Je vais être débarassé du soucis financier et n'avoir à m'occuper que de la vente". Il va à Marseille d'où je lui ai amené un correspondant dans le genre de l'abbé Rivez. M. Bompierre continue à s'occuper de cette affaire de liqueur ou chocolat. " La famille Baudon fait de nouvelles instances pour me rapprocher de Gudenes. Il ne s'y refuse pas ". Les gendarmes ont commencé l'enquête au sujet des troubles de l'église.

N°109. 8 mai 1910 . M. le doyen Barbe de Tarascon à M. le vicaire général. Il est chargé d'une mission à Rabat. M. Bompierre sera parti mercredi soir. M. Barbe propose de commencer la visite aux notables dès jeudi, et de se faire accompagner comme témoins, des curés de Surba et de Gourbit, puis le dimanche de la Pentecôte, après les vêpres, d'exposer " les intentions de Monseigneur ". Quelle conduite tenir avec M. le maire excommunié pour avoir fait sonner les cloches durant 3 enterrements civils ? Réponse : Le voir. M. Barbe a chargé le curé de Gourbit du service de Rabat. ( M. de Surba a un double service ). M. Ruffié est plus jeune et plus ingambe que M. Loubet. " Autre affaire: celle de Génat. M. le maire demande un répit pour réparer l'église, jusqu'à la session de mai ". Au fond, il a été froissé par ce qu'il nomme " les prêches " de son curé ... qu'il n'est guère prêt à oublier. Je crois bien que nous n'aboutirons pas avec lui ". Aussi, M. Barbe voudrait s'entendre avec M. le vicaire général au presbytère mardi, avant qu'il ne voit à Sabart, M. de Génat. " Notre conversation antérieure à tout autre pourrait peut être vous être utile pour aplanir cette difficulté ".

N°110. 30 mai 1910. M. Barbe, de Tarascon, à M. le vicaire général. Il est allé hier soir à Rabat. Sermon devant une assez nombreuse assistance sur les intentions de Mgr au sujet de la nomination d'un nouveau curé. Mercredi, visite aux notables. Deux dames vont ramasser le denier du culte. Si la somme fixée n'est pas atteinte, on partagera le déficit entre les paroissiens qui se seront inscrits. Puis, 20 visites, pendant laquelle on demandera les signatures. " La grande majorité veut un prêtre, mais je crains que l'on n'atteigne la somme fixée qu'après la cessation du service le dimanche, lorsque les 4 semaines seront expirées ". M. Barbe s'en est tenu à 40 frs pour la location du presbytère. Il doit en parler au Conseil. "Mon impression est que, Maire et conseillers ne donneront une réponse favorable que si la souscription prend bonne tournure." Puis M. Barbe demande une dispense de 3 publications de bans pour un mariage, qui fut civil, de Tarascon.

N°111. 7 juin 1910. M. le doyen Barbe (Tarascon) à M. le Vicaire général. Les deux dames quêteuses ont terminé leurs visites - 185 familles prêtes à souscrire; 25 familles réfractaires. 635 frs souscrits. Il en faudrait 925. Un progrès puisque Rabat n'atteignait pas 400 frs. A remarquer que l'Ordo porte une centaine de fidèles en trop dans la population de Rabat. M. Barbe a distribué aux deux dames félicitations et encouragements. "Puis je suis devenu sévère" et il a déclaré Mgr ne donnera un curé que lorsque les 925 frs seront souscrits. Les 4 semaines fixées dans la lettre de l'Evêché sont écoulées ...M. Le Curé de Gourbit doit-il continuer la messe du dimanche ? Le maire n'a pas donné de réponse sur le loyer, impôts, réparations du presbytère. Pas étonnant, car il a été traduit en police correctionnelle et le Procureur de Foix voudrait lui faire supprimer ses droits civils et politiques. " Vous ne sauriez imaginer la division politique qui existe à Rabat ". Aussi M. Barbe a-t-il laissé les hommes de côté pour l'organisation de la quête. " L'opinion des prêtres de la conférence, au sujet des gens de Rabat est qu'il serait bon de les laisser "jeûner" quelque temps. Cela les porterait à être plus généreux et permettrait aux querelles politiques de se calmer. " Réponse : Suppression de la messe du dimanche jusqu'à nouvel ordre jusqu'à ce que toutes les questions pendantes aient reçu une solution.

N°112. 8 juillet 1910. Evêché. "Ecrit le 8 juillet à M. le curé de Gourbit pour lui demander de lancer Rabat de nouveau et pour voir si la fabrique ne pourrait pas avec son boni atteindre le chiffre global demandé.

N°113. 10 juillet 1910. M. Bompierre ( Verdun ) ancien curé de Rabat à M. Castel. Il a été consulté ...La fabrique de Rabat ne peut faire 200 frs, d'une manière normale.

 

1°: On ne donne presque rien aux quêtes ordinaires ( de 0,15 à 0,20 par dimanche ); 2° : On est très fier de dire "on n'est pas en droit d'exiger le prix des chaises"; 3°: Les chantres maugréent beaucoup de la diminution imposée par moi, et ils ne devraient rien recevoir. On y gagnerait 50 frs ( autrefois ils recevaient 120 frs à 6,20 frs chacun ); 4°: En compensation, ils pourraient recevoir 2 frs pour les sépultures de 2ème classe au lieu de 1 fr. et 3 frs pour la 1ère classe au lieu de 1 fr.; 5°: L'engagement d'honneur devrait être pris par les deux partis politiques de prendre en charge les grosses réparations à l'église ( pour la commune ). Aujourd'hui, ils le feront ( jadis les uns et les autres ne demandaient qu'à nous voir dans l'embarras ). L'ancien maire m'a refusé 200 frs attribués jadis par le département pour la réfection de la toiture. Le conseil municipal devrait voter 100 frs par an pour l'entretien de l'église ; 6°: Le presbytère doit étre réparé ( toiture, ouvertures du côté nord ) elles sont cachées dans des placards mais l'eau entre par le mur de la cour. Ce qui m'a le plus dégoûté dans cette paroisse, c'est de voir ceux qui auraient dû soutenir le curé, se réjouir de ses embarras et saper l'autorité. L'orgueil des gens de Rabat doit les faire beaucoup souffrir, surtout au moment où les étrangers arrivent. " Les prêtres natifs de Rabat prêteront certainement leur concours. "

N°114. 12 juillet 1910. M. Ricard, maire de Rabat à M. le doyen de Tarascon. Il l'informe que le conseil veut bien lui affermer le presbytère pour 40 frs mais il refuse de prendre à sa charge "toutes réparations à l'intérieur".

N°115. 12 juillet 1910 . M. Ruffié, curé de Gourbit à M. le vicaire général. Il a vu le maire et les quêteuses de Rabat. La souscription est actuellement de 800 frs ( 70 frs recueillis par l'abbé Bompierre et 730 par les quêteuses ). " La population ne peut et ne veut faire davantage ". Le maire ? Pas le maitre au conseil. Celui-ci l'a autorisé à affermer le presbytère pour 40 frs, impôts compris. Pas de réparations intérieures à sa charge, mais réparations extérieures urgentes seront ordonnées dès l'arrivée du curé. Le conseil municipal est bien divisé. Procès important en cours. Il sera difficile avec eux " de ramener le conseil à meilleure composition ". La paroisse demande à grands cris un curé et un curé qui ait beaucoup de qualités. Les habitants de Rabat sont fiers de leur petite patrie. Ils souffrent dans leur amour propre et s'il y a des torts ce n'est pas sur eux qu'ils les placent, mais sur l'autorité diocésaine qui les fait jeûner. Pour la souscription..." 6 familles réfractaires et une vingtaine de familles indifférentes "; toutes les autres ont donné. Quelques mauvaises volontés mais aussi beaucoup de bonne volonté.

N°116. 13 juillet 1910. M. Barbe, doyen de Tarascon à M. le Vicaire général. Mention de la lettre de M. le maire de Rabat. Refus des réparations intérieures ( blanchissages, tapisseries ). Pour réparations extérieures, il faudrait 50 ou 100 frs. Il est probable que bientôt il y aura un nouveau maire à Rabat qui pourra être plus large. Souscription: 800 frs. M. Barbeconseille d'envoyer à Rabat un curé musicien. On attache une grande importance à ce point. Brouillon de la lettre de l'Evêché au maire de Rabat. Félicitations de l'acceptation du bail du presbytère : 40 frs & 9 ans. Impôts fonciers et des porte-fenêtres à la charge de la commune. Etonnement du refus des réparations intérieures. On signale les réparations extérieures urgentes : toiture, ouvertures du côté nord, mur de la cour. A effectuer sans retard. Avant l'envoi du curé, tout sera examiné. On insiste pour l'intérieur. Pas de frais considérables. Il serait regrettable que la nomination du curé fut retardée à cause de ces réparations. La paroisse si importante de Rabat ne peut rester plus longtemps sans curé; si la nomination ne se faisait pas maintenant, elle risquerait d'être renvoyée à une date indéterminée. Nous n'imposons vraiment pas des conditions inacceptables: un presbytère en bon état et une souscription qui équivaut à peu près au traitement du curé. Quelle paroisse paiera son curé si Rabat refuse à le faire?

N°117. 15 juillet 1910. M. le doyen Barbe à M. le vicaire général. Puisque la messe est supprimée à Rabat où faut-il faire les publications ? Réponse : A Gourbit et afficher à Rabat, porte de l'église.

N°118. 22 juillet 1910. Brouillon de lettre de l'Evêché à M. Ruffié, curé de Gourbit. Les réparations intérieures du presbytère sont-elles importantes ? Les réparations extérieures se font-elles ? Répondre par retour du courrier.

N°119. 17 novembre 1910. Le maire Ricard à Monseigneur. Il envoie la copie de la lettre de M. le Préfet relative à la location de l'ancien presbytère de Rabat et demande une réponse. M. le Préfet, le 8 nov 1910 à M. le Maire . Le 21 octobre dernier, le maire lui avait demandé d'approuver la délibération du conseil ( 15 sept ) qui louait au curé le presbytère pour 40 frs, impôts déduits. Plusieurs conseillers municipaux ont fait par 2 fois une tentative identique auprès de moi. M. le Préfet ne peut approuver la délibération car il n'y aurait aucun bénéfice pour la commune, puisque les grosses réparations et les impositions qui s'élèvent à 35 frs resteraient à sa charge. Il accepte par esprit de conciliation, d'approuver un bail dont le prix serait fixé à 60 frs, les conditions demeurant à la charge du bailleur, c'est l'ancien prix et les contributions viennent en diminution.

N° 120. 18 novembre 1910. Réponse à M. le maire ( Brouillon ). Après une mise au point relative aux devoirs des communes à l'égard du curé et du presbytère, aviser qu'on accepte les conditions préfectorales, 80 frs, impôts compris. Mais avec une durée de 9 ans et à condition que les réparations promises extérieurement, dont M. le doyen sera juge, soient exécutées.

N°121. 3 décembre 1910. Brouillon de lettre à M. le curé de Gourbit. Quid de Rabat ? Appris par M. Bedel de Rïeux que, malgré les concessions de l'évêché 60 frs, sans les impôts, 9 conseillers municipaux maintiennent leurs, et nos conditions premières : 40 frs, tout compris. Quid ? des fonds produits par les souscripteurs ? Entre les mains de qui sont-ils ? A combien s'élèvent-ils exactement ?

N°122. 6 décembre 1910. M. Ruffié, curé de Gourbit à M. le Vicaire général. "Bien embarassé.. M. le maire se moque un peu de tout le monde". Pourtant, il vient de donner des ordres pour commencer les petits réparations extérieures du presbytère; la délibération maintenant les 40 frs, est je crois, enterrée. Le bruit court à Rabat que Mgr a accepté les 60 frs et impôts à la charge de la commune, et donc, puisque le nouveau curé va arriver, il faut que la municipalité fasse exécuter les réparations exigées. Souscription?...un peu malade. Avec les 70 frs versés par Abbé Bompierre, elle devrait s'élever à 800 frs. Mais il n'y a que 450 frs car certaines familles avaient promis de verser leur obole quand le nouveau curé serait arrivé. Pour comble, la personne qui fit la quête, Melle Albanie Audoye ne se dessaisira de l'argent que lorsque le curé sera là. Mais, lui dis-je, voilà 15 dimanches que je descends vous dire une messe. Ce n'est pas assez, les gens ne sont pas satisfaits de cette messe matinale. Et pourtant ce service n'est pas un amusement pour M. Ruffié. "Pendant 2 dimanches, j'ai souffert au-delà de tout ce que l'on peut dire. Une 1ère fois, pluies torrentielles à l'aller et retour; une 2ème fois, bourrasques de neige. Ce trajet demande 2 bonnes heures". Impossible de continuer en hiver. Patauger dans l'eau, la boue, la neige, à travers des chemins impraticables pendant 2 à 3 h. parfois et rester enfermé ensuite dans une église longtemps détériore la santé. D'ailleurs les gens de Rabat ne se dérangent guère. En temps ordinaire, un certain nombre de femmes et 5/6 hommes. Si le temps est mauvais, c'est pitoyable. Et M. le curé exprime l'espoir qu'on donnera bientôt satisfaction aux "Rabatets".

N° 123. Brouillon de la lettre du 7 décembre 1910 à M. le curé de Gourbit. Avertir cette demoiselle et la population que la justice demande que soit versée la part correspondant au service fait. Or, M. Bompierre a été curé pendant 4 mois. Vous-même service de 4 mois...Soit, 8 mois. Il convient donc que Rabat verse les 2/3 de 921, soit 610 et que l'engagement soit pris de tenir les années suivantes les promesses de 1909, d'ailleurs insuffisantes ( à peine 800 frs ) Envoyer à l'évêché la liste des engagements pris : noms, offrandes, signatures. Situation s'éternisera, pis encore... tout culte supprimé.

N°124. 15 décembre 1910. Melle Albanie Audoye à Monseigneur. On trouve la taxe exagérée. Oui, M. Bompierre mérite d'être payé pour 4 mois. Mais pourquoi a-t-il livré Rabat à un maire qu'il connaissait bien alors que la municipalité lui était favorable pour la location du presbytère ? Pourquoi n'a-t-il pas passé le bail avant de partir ? M. le curé de Gourbit dit la messe 5 dimanches après le départ du curé. Puis 1 seule messe le 15 août, juste au moment où les étrangers arrivent et auraient donné. M. le curé de Gourbit est revenu le 16 octobre. Mais pressentiment qu'il était envoyé pour obtenir l'argent de la souscription, nous préférions souffrir encore + plutôt que de donner la somme réservée au nouveau curé. On lui a payé les 17 messes dites. Elle se plaint des difficultés. Sa compagne est partie. La situation devient pénible... Réponse : illisible.

N°125. 24 octobre 1910. Au sujet d'une dispense de mariage, qui, par ignorance n'a pas été faite à Bordeaux.

N°126. Début 1911 ou fin 1910. Brouillon de lettre à M. le curé de Gourbit. La paroisse de Rabat, ayant fait son devoir pour la souscription, les difficultés qui empêchent la nomination du curé venant de la mairie seule, il n'est pas bon de méconnaître la bonne volonté de la population. Prière à M. le curé de Gourbit, de rétablir à partir de dimanche prochain si possible, le service dominical à Rabat. Porter cette lettre renfermant les motifs de cette mesure à la connaissance de la paroisse. ------> retour au sommaire

 

 

 

 

 

 

 

 

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